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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

d’une simple représentation de l’espace ou du monde ayant seulement ceci de<br />

caractéristique d’être radicalement différente voire opposée à la représentation<br />

classique. Il en va, dans cette approche du monde, de la « choses elle-même »: de<br />

« l’espace lui-même », du monde en tant que monde, ou du « phénomène en tant que<br />

(rien que) phénomène » comme phénomène-de-monde, qui se fait jour (se<br />

phénoménalise) sous l’indice de l’épochè phénoménologique hyperbolique, et qui<br />

constitue le fond commun ou la matrice transcendantale de toutes ses représentations.<br />

C’est ce qui appert tout au moins des analyses de la « topologie transcendantale de<br />

l’apparence » telle qu’elle est abordée dans les Recherches phénoménologiques - texte<br />

duquel nous étions partis dans ce paragraphe. Mais avant d’y venir, il convient de noter<br />

que l’expérience de l’espace phénoménologique n’est pas l’apanage des seules<br />

élaborations savantes, phénoménologie transcendantale ou art (pictural ou autre) ; on en<br />

peut faire l’expérience dans le plus quotidien : dans la rencontre du paysage, par<br />

exemple. « Quand [...] nous y [i.e. dans le paysage] voyons sur l’horizon telles dentelles<br />

rocheuses éclairées par le soleil du matin - dentelles que nous savons proches -, et<br />

qu’elles nous paraissent, malgré le savoir que nous avons aussi de leur petitesse, comme<br />

pouvant être aussi bien la masse d’un énorme massif situé aux confins - l’impression<br />

pouvant être renforcée si les reflets de la lumière sur la blancheur du calcaire paraissent<br />

vasciller comme reflets sur de la neige. Là, subitement, la montagne prend chair,<br />

s’irréalise en phénomène, et le jeu ensemble du proche et du lointain fait surgir quelque<br />

chose comme les hésitations de l’espace lui-même, pas encore capté dans sa<br />

représentation » (L’espace lui-même : libres variations phénoménologiques, 1994, p.<br />

160). « Quand, autre exemple, je vois, du sommet d’une colline ou d’une montagne le<br />

paysage étalé sous moi, j’ai subitement l’impression que son immensité n’est qu’une<br />

miniature de tout ce qui existe, me rappelant les jeux enfantins où, dans le bac à sable, je<br />

dessinais des routes, disposais des maisons, faisais circuler des petites voitures, comme<br />

si la vie que je vois se dérouler sous mes yeux allait à nouveau pouvoir obéir aux<br />

caprices de ma fantaisie. Même plus, et peut-être de façon plus archaïque encore, les<br />

montagnes, les collines, les vallées que je vois m’apparaissent, dans cette vascillation de<br />

l’échelle, comme des dos, des ventres, des creux d’un corps complexe mais étalé qui<br />

pourrait aussi bien être le mien que celui d’un autre. La terre est un corps, peut-être<br />

celui de la mère, et, pris en son sein, je m’y amenuise ou m’y agrandis avec<br />

322 <strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com

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