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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

religions). Mais le compliment ne se poursuit pas ; en ce qui concerne le contenu<br />

proprement philosophique de l’interprétation, Heidegger pose la question suivante : la<br />

détermination du mythe comme forme de fonctionnement de la conscience créatrice estelle<br />

suffisamment fondée ? Où résident les assises d’une telle fondation ? Et Heidegger<br />

de répondre lui-même à la question : l’inteprétation du mythe comme possibilité du<br />

Dasein reste fortuite tant qu’on ne l’aura pas fondée dans une ontologie radicale du<br />

Dasein, à la lumière du problème de l’être en général. Dans sa recension, Heidegger<br />

n’entend pas élaborer une analytique du Dasein mythique exhaustive; mais les<br />

indications qu’ils donnent sont précieuses : reprenant les analyses de Sein und Zeit, il<br />

écrit qu’en vertu des analyses proposées par Cassirer, le Dasein mythique se détermine<br />

originairement et essentiellement dans l’être-jeté (Geworfenheit). Il y a quelque chose<br />

de puissant dans cette lecture - comme presque toujours chez Heidegger; mais il faut<br />

rappeler la complicité que voit Heidegger de l’être-jeté avec l’inauthenticité : dans Sein<br />

und Zeit, la facticité que le Dasein découvre dans son être-jeté sera toujours reprise par<br />

l’existentialité, par laquelle le Dasein peut se rassembler dans le tout de ses possibilités,<br />

et moyenant la résolution, exister authentiquement. Il faut donc dire que Heidegger<br />

envisage la pensée mythique sous un mode déficitaire - comme relevant de la facticité à<br />

laquelle il manque encore l’existentialité : Hegel n’est pas loin !<br />

En regard de cette lecture heideggerienne de la pensée mythique, il est une note<br />

discrète de L’expérience du penser qui mérite la plus grande attention. Richir écrit en<br />

effet dans le corps de son texte : « [...] il n’y a donc, ni dans les “êtres” mythiques, ni<br />

dans les dieux, quelque sens d’être que ce soit » (EP, 79); à quoi il faut ajouter la note<br />

afférente : « Tout y est, pour ainsi dire, dans le “pré-être”, donc, par rapport au point de<br />

vue heideggerien, “avant” la structure ontologique-existentiale du souci. Dans les<br />

mythes et les récits mythologiques, il n’y va pas, pour le Dasein, de son être en tant<br />

qu’être-en-souci. C’est dans les cadres et à partir de l’institution symbolique de la<br />

philosophie que ce souci peut naître et s’articuler, car, précisément, l’institution ne<br />

procède pas du souci, mais le rend possible. C’est d’ailleurs en ce sens que l’analytique<br />

existentiale est irréductiblement herméneutique » (Ibid., note 16). Même si à notre<br />

connaissance Richir ne s’est jamais expliqué avec le texte de Heidegger évoqué plus<br />

haut, il est clair qu’une telle interprétation est irrecevable pour Richir : la réduction<br />

architectonique des pensées en concrétion demande véritablement l’épochè<br />

<strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com <strong>33</strong>5

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