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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

temporalité. Car cette identification à soi ne peut avoir lieu que dans une présence. En<br />

effet, «c’est seulement depuis le pro-jet, ouvert sur le futur, de reproduire l’eidos en<br />

image, pro-jet qui s’accomplit dans le dédoublement, que la copie, image anticipée d’un<br />

eidos déjà au passé, s’identifie à celui-ci dans le présent de l’Einbildung conceptuelle,<br />

où le passé revient dans le présent ouvert par là en lui-même à son futur» (CSP, 174-<br />

175). Tout se passe ici comme si le présent comportait en lui-même son passé<br />

antéprédicatif et son futur conceptuel ; plus encore, dans le présent, passé et futur sont<br />

identifiés et paraissent comme symétriques et interchangeables autour du présent : le<br />

passé est toujours passé du présent (ce que Husserl appellera «rétention»), et le futur est<br />

toujours également futur du présent (ce que Husserl appellera «protention»). Telle est la<br />

circularité du temps complice de l’eidétique husserlienne, comme «champ vivant de<br />

présence indéfiniment en train de s’ouvrir au futur et de s’enfouir dans le passé» (Ibid.,<br />

175). Cette situation est à l’évidence hautement problématique, et l’aporie en est très<br />

bien connue : «Qu’est-ce qui fait la nécessité de l’écoulement du présent, et en<br />

particulier de sa distension entre protentions et rétentions ?» (Ibid., 176). C’est là une<br />

question qui fut posée, on le sait, tant par Husserl que par Heidegger, depuis Sein und<br />

Zeit (1927) au moins, jusqu’à sa conférence Zeit und Sein (1962). Et il est remarquable<br />

que, selon Richir, ni l’un ni l’autre, malgré la richesse de leurs recherches respectives,<br />

n’en vinrent à bout.<br />

***<br />

Résumons-nous. Nous avons vu que le projet husserlien tel qu’il se formule dans<br />

les Recherches logiques consiste en la fondation ou en l’élucidation des idéalités logicomathématiques<br />

dans la logique pure comme théorie générale de la connaissance, et que<br />

ce projet est censé se réaliser par une phénoménologie pure (ou une description pure)<br />

des vécus sous-tendant ces mêmes idéalités. On sait aussi que, selon Richir, ce projet se<br />

voit pris dès le départ dans une inexorable circularité ; mais les analyses richiriennes sur<br />

le langage chez Husserl nous offrent un élément supplémentaire de compréhension : si<br />

de fait la description pure projetée par Husserl se voit condamnée à n’être qu’une<br />

description toujours déjà télé-guidée par une pré-vision de cela même qu’il s’agit de<br />

décrire, si donc, de ce fait même, la connaissance que Husserl projette de fonder se voit<br />

condamnée à n’être jamais qu’une re-connaissance de ce qui est toujours déjà<br />

<strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com 231

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