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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

texte, c’est-à-dire comme un tissu - ni présent, ni absent - d’articulations, de tensions,<br />

de ratures, de reprises et de dénégations, contestant à l’intérieur même de sa texture<br />

l’assurance de ses prises de position et de ses affirmations» (Ibid., p. 784). C’est dire<br />

qu’un texte, si on le lit bien, comporte une part irréductible d’excès en contrepoint du<br />

cadre qui s’y institue. Ou encore, un texte se constitue fondamentalement comme un<br />

mouvement de construction d’une pensée, qui implique nécessairement, dans le même<br />

mouvement, un effacement de l’excès surgissant sous la forme de difficultés ou<br />

d’apories. Et en ce sens, on pourrait dire en première approximation que lire consiste à<br />

épouser ce même mouvement. Or, c’est précisément, selon Richir, ce que<br />

l’interprétation traditionnelle des textes de Husserl n’est jamais parvenue à réaliser; car<br />

celle-ci s’est toujours enfermée dans un cercle : en effet, selon le mouvement qui lui est<br />

propre, «elle veut ressaisir hors du texte, au niveau du signifié, ce qu’elle n’a jamais<br />

cessé en vérité de vouloir trouver» (Prolégomènes à une théorie de la lecture, p.37).<br />

Comme le suggère Richir, l’interprétation traditionnelle se caractérise par la<br />

surimposition au texte d’un cadre qui lui est étranger, par l’imposition d’un lieu<br />

extérieur au texte lui-même mais pourtant à partir duquel le texte est lu et interprété ; de<br />

telle sorte que, par ce mode d’interprétation qui n’est précisément pas une lecture, le<br />

texte ne fait jamais rien d’autre que d’exhiber les lieux communs toujours présupposés<br />

d’une tradition et d’une culture.<br />

A cet égard, Richir ne manquera pas non plus de critiquer les interprétations se<br />

mouvant dans le sillage heideggerien ; interprétations qui, selon lui, quoique plus<br />

subtilement peut-être, réitèrent en fait le même geste interprétatif : il s’y agit toujours de<br />

surimposer au texte un cadre qui lui est extérieur, et d’interpréter le texte depuis ce<br />

dernier cadre ; en l’occurrence, ce cadre, c’est l’ontologie heideggerienne. On sait<br />

combien la fascination à l’égard de Heidegger devait être prégnante dans les milieux<br />

philosophants au moment où Richir engageait sa lecture de Husserl. Et l’on peut dire<br />

que la réaction de Richir contre l’heideggerianisme sera à la stricte mesure de<br />

l’enjouement alors régnant. En témoigne par exemple, la partie centrale de l’article paru<br />

dans la revue «Critique» (Husserl : une pensée sans mesure), consacrée à un ouvrage<br />

de Gérard Granel (Le sens du temps et la perception chez E. Husserl, Gallimard, coll.<br />

«Bibliothèque de philosophie», 1968) qui venait alors de paraître. Tout au long de son<br />

<strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com 217

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