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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

On connaît depuis Husserl l’intime complicité supposée entre le<br />

phénoménologique et l’eidétique. Et c’est très tôt que Richir interrogea le statut de<br />

l’eidétique dans le cadre de la phénoménologie renouvelé par Merleau-Ponty. Cette<br />

problématique, qui avait été mise en suspens dans les Recherches phénoménologiques<br />

(Cf. second tome, p. 11), Richir l’empoigne dans Phénomènes, temps et êtres (1987) en<br />

offrant en guise de préliminaire une analyse détaillée du chapitre du Visible et l’invisible<br />

intitulé Interrogation et intuition. Resituons d’abord le cadre du texte avant d’en donner<br />

l’interprétation de Richir. Ce texte assez dense commence très curieusement par une<br />

reprise de la question portant sur l'interrogation philosophique, reprenant les questions<br />

soulevées dans les chapitres précédents, et il en vient rapidement à se confronter avec<br />

Husserl. S’y pose donc la question de la relation du fait et de l’essence, de la réduction<br />

phénoménologique et du rapport qu’entretient celle-ci avec la réduction eidétique. Pour<br />

Husserl, écrit Merleau-Ponty, il s'agit, en philosophie, de pratiquer la réduction<br />

phénoménologique : non pas donc de se demander comme Descartes si les choses et le<br />

monde sont, mais bien plutôt « comment ils sont, dans la complicité irréductible que<br />

nous avons avec eux » (PTE, 68). « Par là s'ouvre le champ du sens, non seulement du<br />

sens attaché au langage, mais encore, et peut-être surtout du “sens universel”, “ce sans<br />

quoi il n'y aurait ni monde, ni langage, ni quoi que ce soit”, c'est-à-dire le champ de<br />

l'essence (VI, 145) » (Ibid.). C'est en ce sens que la réduction paraît découvrir une<br />

« grammaire impérieuse de l'Etre » formée par ces noyaux durs et compacts, tout<br />

positifs, comme allant d'eux-mêmes, que sont les essences. Mais Merleau-Ponty,<br />

toujours en continuant le mouvement déjà amorcé dans les chapitres précédents, montre<br />

qu'il s’agit là d'une illusion, en remarquant que « la positivité des essences reste<br />

complice de la positivité des faits » (PTE, 69); bref, que l’essence ainsi comprise n’est<br />

que le fruit d’une abstraction supposant un sujet désincarné voyant les choses comme<br />

du fond du néant : c’est la critique de la vision de survol que nous avons déjà<br />

rencontrée. La démarche de Merleau-Ponty consiste quant à elle à reprendre en<br />

considération l’Urdoxa husserlienne – le fait qu’on est toujours déjà au monde, partie<br />

prenante de ce qui s’y passe, sans pouvoir se retrancher, sinon par abstraction. En un<br />

mot, il s’agit de prendre en compte l’expérience, qui, comme le montre tout l’ouvrage,<br />

procède d’une extraordinaire diversité, depuis « l’expérience muette » (Husserl) jusqu’à<br />

la « praxis de la parole », et où tout n’est pas eo ipso déterminé ou déterminable (vu ou<br />

<strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com 273

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