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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

l’ébaucherons dans notre troisième section 22 . Mais cette théorie de la lecture dans ces<br />

premiers essais de formulation, devait déjà tout au moins donner lieu à une nouvelle<br />

méthode d’approche de l’œuvre husserlienne ; car il fallait dès lors l’aborder comme un<br />

texte, c’est-à-dire comme un mouvement d’élaboration d’une pensée articulée autour de<br />

l’excès irréductible. En ce sens, il fallait en premier lieu réévaluer le statut de l’œuvre<br />

publiée. Comme l’écrit Richir, «les œuvres que Husserl livre au public font figure de<br />

constructions provisoires. Aucune des positions qui y sont acquises [...] ne fournira de<br />

solution définitive aux questions soulevées. Certes, il faut admettre que le désir du<br />

système l’emporte dans ces ouvrages et entraîne Husserl à biffer le caractère<br />

“aporétique” des recherches qu’il poursuivait dans ses cours et manuscrits. Mais les<br />

problèmes posés dans ceux-ci ne peuvent être radicalement absents des constructions<br />

systématiques, ils doivent jouer secrètement du dehors, où, les ayant exclus, on les a<br />

confinés» (Ibid., pp. 38-39). Et la lecture de ces constructions systématiques devrait<br />

précisément nous conduire à mettre à jour ces apories. Ou encore, comme il l’écrira en<br />

1970, il ne s’agit pas tant de critiquer cette pensée, que de « saisir ce qu’implique<br />

nécessairement son mouvement » (Le rien enroulé, 1970, p. 4). Evidemment, la lecture<br />

des manuscrits et des cours peuvent nous aider dans cette lecture ; car Husserl s’y est<br />

toujours montré moins attentif à la présentation d’un système qu’à la reprise de sa<br />

propre pensée pour y ré-interroger les difficultés. Et c’est en ce sens que la lecture des<br />

inédits nous fait franchir un pas de plus ; car Husserl invite alors à penser. Comme<br />

Richir s’en explique dans un texte beaucoup plus récent : «Il y a, dans l’océan des<br />

manuscrits, tel ou tel détour qui montre qu’il [Husserl] s’efforçait de penser autre chose<br />

[i.e. autre chose qu’une métaphysique de la subjectivité], et ce dans la mesure même où<br />

langage et concept n’y fonctionnaient pas “mécaniquement”. Bref, il y a chez Husserl,<br />

quand il est inspiré, un génie naïf de la question phénoménologique qui l’amène sans<br />

broncher au paradoxe ou à l’aporie : et là, sous les mots, il faut penser des choses<br />

différentes, c’est-à-dire aussi interpréter» (Monadologie transcendantale et<br />

temporalisation, 1990, p. 153).<br />

22 Texte en préparation (Cf. « Avant-propos »).<br />

<strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com 219

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