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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

le sens de l’origine et le sens institué, c’est-à-dire, dans les termes même de la<br />

philosophie, entre l’être et la pensée, dans un mouvement qui n’est autre que celui de<br />

son institution : la philosophie s’institue au lieu de la tautologie, dès lors symbolique,<br />

entre être et penser. C’est ce même mouvement que l’on retrouve inauguralement chez<br />

Platon qui est sans doute le véritable père de la philosophie. Richir s’est souvent arrêté<br />

sur l’œuvre platonicienne ; elle est en effet paradigmatique pour toute la pensée<br />

philosophique, jusqu’à Husserl et Heidegger au moins. Et nous pouvons ici au moins<br />

rassembler les indications qu’en a donné Richir dans toute son œuvre 121 .<br />

Sur le statut de la vie et de l’œuvre de Platon, Richir s’est expliqué dans La<br />

naissance des dieux en une très belle page : « Bien des choses ont été dites sur la vie et<br />

l’œuvre de Platon, et il est étrange qu’on ait pas toujours remarqué que le philosophe<br />

s’est voulu sans doute, avant tout, un fondateur, c’est-à-dire un personnage qui, à<br />

travers la remise en cause de la culture grecque dans son ensemble, avait l’ambition,<br />

non seulement de la repenser autrement, mais de faire repartir son histoire sur des bases<br />

toutes nouvelles, celles de la philosophie. Il suffit de jeter un regard sur sa vie pour<br />

s’apercevoir qu’elle a été très profondément marquée, d’une part par la dégénérescence<br />

de la démocratie athénienne, qui avait conduit à la mort scandaleuse de Socrate, d’autre<br />

part par un projet de révolution politique, dont témoigne la permanence de l’aventure<br />

syracusaine […]. La fondation platonicienne est double. Fondation de la philosophie,<br />

comme fondation d’un nouveau savoir : d’un commerce répété avec sa matière même,<br />

“soudainement comme s’allume une lumière lorsque bondit la flamme, ce savoir se<br />

produit dans l’âme et, désormais, s’y nourrit tout seul lui-même” (Lettre VII, 341 c-d) ;<br />

fondation de la royauté philosophique comme seule royauté véritable et légitime, en<br />

opposition à la tyrannie, c’est-à-dire comme seul régime susceptible d’assurer la paix et<br />

121 Richir est évidemment bien conscient que le schéma d’interprétation qu’il propose ne se calque pas à<br />

l’œuvre platonicienne jusque dans ses plus profondes subtilités. Dans Le rien et son apparence, déjà, il<br />

précisait de l’œuvre de Platon que “comme toute œuvre véritablement philosophique, [elle] est ouverte à<br />

de multiples difficultés et apories, [elle] n’arrive pas à se clore sur elle-même en la transparence<br />

seulement imaginaire d’une signification […]” (RA, 7-8). Dans les Méditations phénoménologiques, il<br />

ajoutera que c’est abusivement que Heidegger a réduit la “théorie” platonicienne a une vue unilatélale des<br />

étants – et il cite le très beau livre de Danielle Montet, Les traits de l’être. Essai sur l’ontologie<br />

platonicienne, Ed. J. Millon, coll. “Krisis”, Grenoble, 1990.<br />

<strong>33</strong>0 <strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com

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