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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

étude critique, souvent caustique, Richir se demande à propos de Granel «si son<br />

interprétation n’est pas un coup de force heideggerien. “Coup de force” qui, d’une part,<br />

situerait avant toute lecture la problématique de Husserl dans la perspective de<br />

l’historialité de l’Etre, et d’autre part écraserait littéralement le texte sous le poids du<br />

penser heideggerien. L’interprétation tirant ses forces d’un centre herméneutique situé<br />

ailleurs que dans les textes husserliens, on peut se demander si ceux-ci ne sont pas “mis<br />

en perspective” par une “volonté de puissance” qui “interprète”» (Husserl : une pensée<br />

sans mesure, p. 787). Et cette attitude critique par rapport à la pensée heideggerienne<br />

sera comme une constance dans la pensée de Richir ; s’il ne manque pas, çà et là,<br />

d’exprimer sa dette par rapport à Heidegger - et en particulier à propos de la critique<br />

heideggerienne de Husserl (Cf. par exemple PTE, 38) - ce ne sera jamais pour<br />

succomber à la tentation de devenir heideggerien !<br />

Ainsi Richir se propose de théoriser une méthode de lecture visant à sortir de cette<br />

circularité interprétative ; car pour lui, il n’est pas impossible de lire un texte sans lui<br />

imposer préalablement un cadre de pensée, que celui-ci soit heideggerien ou plus<br />

classique ; et il n’est donc pas impossible d’épouser par la lecture le mouvement propre<br />

du texte, rendant par là même tangible l’excès irréductible autour duquel s’articule ce<br />

mouvement. Ce que propose alors Richir dans ces deux articles est à vrai dire encore<br />

très hésitant et confus ; mais pouvait-il en être autrement, car il en va là en fait de cela<br />

même qu’il tentera de penser pendant bien des années encore comme le mouvement<br />

propre à la pensée du phénoménologue. Richir écrit donc en 1969 qu’il ne conçoit<br />

qu’une voie praticable pour la lecture : celle qui consiste à «aborder le texte avec une<br />

“attention librement flottante”» (Prolégomènes à une théorie de la lecture, p. 41) ;<br />

c’est-à-dire une attention interprétative au sens classique, mais ne s’enfermant jamais<br />

dans ses propres interprétations : il s’agit donc d’une «attitude qui doit toujours se regagner<br />

contre l’interprétation [i.e. au sens classique]» (Ibid., p. 42).<br />

Petit à petit, au fil de l’élaboration de la pensée de Richir, la thématisation d’une<br />

théorie de la lecture s’étayera, jusqu’à engager finalement une relecture des grands<br />

textes de la tradition philosophique ou même d’autres traditions, comme nous<br />

218 <strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com

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