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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

les traits déjà exhibés par Levi-Strauss dans ses Mythologiques 127 . La mise en<br />

mouvement de la pensée mythique advient toujours par « quelque chose » qui, au sein<br />

de l’institution symbolique où tout est donné comme allant de soi, pose problème, fait<br />

non-sens et apparaît donc comme n’allant pas de soi ; mais c’est là en fait la<br />

problématique (la vie) de toute institution symbolique, selon le mouvement de ce que<br />

Richir appelait l’institution symbolique se faisant. Or, de manière caractéristique, dans<br />

la pensée mythique ce problème symbolique est en toujours local, c’est-à-dire qu’il ne<br />

remet pas en question l’institution symbolique dans son ensemble ; il faut ajouter aussi<br />

que la résolution du problème ne se joue pas par négativité, comme dans la pensée<br />

philosophique, mais par métamorphoses, ce qui constitue la seule manière pour la<br />

pensée mythique d’apporter du « changement » ou du « mouvement » ; ces intrigues<br />

qui, en outre, sont supposées se dérouler dans un passé immémorial ou transcendantal<br />

(un passé qui n’a jamais eu lieu au présent) et où les métamorphoses jouent un rôle<br />

directeur, ont donc en charge de rétablir l’ordre du monde (cosmos), mais d’un monde<br />

qui est le monde mythique, selon sa structuration propre ; un monde, donc, où « les<br />

êtres, sans intériorité propre, n’ont de signification que symbolique, dans la “logique”<br />

de leur enchaînement au fil d’une intrigue, et sont par conséquent dépourvus de tout ce<br />

que nous nommons aujourd’hui psychologie, ce qui ne veut pas dire dépourvu de tout<br />

désir et de toute passion […] » (ND, 37). C’est la raison pour laquelle on n’observe pas,<br />

dans ce monde, de polarisations ou de centrations par des personnages « principaux »<br />

qui rassembleraient autour de leur nom des groupes d’intrigues mythiques (Cf. Qu’estce<br />

qu’un dieu ?, p. 8) ; la pensée mythique est bien la pensée d’humains qui pensent<br />

contre l’ « Un » ou « contre l’État » : « l’Un (et le pouvoir coercitif) constituant pour<br />

eux le risque de l’imposition de l’institution symbolique en le “trou noir” d’un chaos<br />

d’où l’on risque de ne plus jamais pouvoir revenir, c’est contre ce risque que la pensée<br />

mythique ne cesse de se reprendre, en droit à l’infini, en multipliant ses “expériences de<br />

pensée” où chaque fois, à l’occasion d’un problème particulier, elle fait comme si<br />

l’institution symbolique se précédait elle-même pour se réengendrer, en se recodant à<br />

l’intérieur d’elle-même […] » (Ibid.). L’idée d’un Etat ou d’un pouvoir coercitif est,<br />

dans l’institution symbolique de la pensée mythique, aussi dangereuse et absurde que ce<br />

127 Cf. Lévi-Strauss, Mythologiques, 4 vol., Plon, Paris. Il va de soi que si Richir reprend les analyses de<br />

Lévi-Strauss quant à la structure des mythes, il met entre parenthèses la métaphysique propre de l’auteur.<br />

Cf. PIS,<br />

<strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com <strong>33</strong>9

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