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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

éclater les cadres établis, c’est-à-dire culturels de la représentation, il faut dire que le<br />

monde de Dubuffet est anti-culturel, en ce sens précis qu’il est constitutif d’un certain<br />

« relâchement » des contraintes culturelles (le cadre classique de la représentation),<br />

mais en même temps qu’il se manifeste encore au sein de la culture, en l’occurrence,<br />

dans les contraintes qui sont celles de la peinture (Cf. ibid.). Qu’est-ce que Dubuffet<br />

nous donne à voir à travers son œuvre ? Il nous montre une figuration particulière –<br />

celle rendue possible par la peinture – « du monde » dans sa teneur phénoménologique.<br />

Et le philosophe, s’il lit et traduit l’espace pictural ainsi déployé pour le traduire dans<br />

ses termes propres, peut comprendre quelque chose de la phénoménalité du monde.<br />

C’est la tâche de la cosmologie philosophique qui ici, est déjà phénoméno-logique 116 .<br />

La première tâche de la cosmologie philosophique est d’élucider le cadre de la<br />

représentation classique. Pour cela, il faut partir de la sphère infinie qui constitue en fait<br />

l’étoffe première tant de l’espace classique que de l’espace phénoménologique. La<br />

propriété principale de cette sphère est d’être en même temps centre et périphérie, étant<br />

donné qu’entre les deux, il y a une distance infinie. Il faut donc, pour considérer cette<br />

sphère, partir d’un des deux termes (Cf. ibid., 2<strong>33</strong>). Or on le sait, la modernité, de<br />

manière strictement corollaire à l’institution de l’infinité actuelle absolument<br />

(mathématiquement) déterminée avec Nicolas de Cues (Cf. PIS, 29 sqq.), est en quête<br />

d’un centre, d’une référence, d’un pôle ou d’un « point fixe ». Qu’il nous soit permis de<br />

rappeler ici, à titre exemplatif, une belle page qu’écrivait naguère Michel Serres dans sa<br />

thèse sur Leibniz : « Pôle, site, appui, origine, centre … tous points d’ancrage et de<br />

référence ; et l’on découvre que, s’il existe, en quelque région que ce soit, ordre ou<br />

organisation, ils ne sont concevables qu’autour d’un tel ancrage : l’objet s’organise<br />

autour de son centre de gravité, la perception autour d’un site, le mouvement autour<br />

d’un pôle, l’action autour d’un appui, la mesure et la proportion à partir d’une origine, le<br />

monde autour d’un soleil. Surprenez les philosophes classiques à cette interrogation<br />

fondamentale, et vous obtiendrez un très bon indice de la nature de leur réflexion, de<br />

leur but et de leur espoir ; Descartes : “Archimède, pour tirer le globe terrestre de sa<br />

116 Tout ceci montre bien que le monde dans sa teneur phénoménale est, comme l’écrivait Merleau-Ponty,<br />

“à multiples entrées”. Le phénoménologue y a un certain accès, certes, mais aussi l’artiste par exemple –<br />

et peut-être, ajoutons-nous l’amoureux et le mystique. C’est la raison pour laquelle Richir dialoguera<br />

souvent avec les peintres et les poètes. Notons que le poète de prédilection est, pour Richir, Jacques<br />

Garelli qui, à travers son œuvre philosophique et poétique, a souvent offert à Richir un support de<br />

méditation. Cf. par exemple son article : L’énigme du monde : le plus gai savoir, 1987.<br />

318 <strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com

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