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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

coercitif – l’anarchie étant synonyme de chaos » (ND, 10) et nous rabattons<br />

spontanément le champ du politique sur celui du pouvoir – « très souvent avec un<br />

certain désenchantement » (Ibid.) – ce qui est fort heureusement remis en question par<br />

les travaux anthropologiques exhibant des « société contre l’État » (P. Clastre).<br />

Devant ce type de problématique, le travail du philosophe consiste d’abord à<br />

examiner comment les hommes, dans leur histoire, ont pu légitimer ce type de systèmes.<br />

Or, cette légitimation s’effectue, inauguralement et de manière magistrale dans et par la<br />

pensée mythologique qu’il ne faut pas confondre avec la pensée mythique 126 ; en effet,<br />

« un examen tant soit peu attentif des matériaux anthropologiques aujourd’hui<br />

disponibles montre une troublante corrélation entre l’apparition des dieux dans la<br />

pensée humaine et l’institution de l’État, c’est-à-dire tout d’abord du roi ou du despote<br />

exerçant un pouvoir coercitif sur la société » (ND, 9). Mais cette « naissance des dieux »<br />

dans la pensée humaine, c’est-à-dire, nous le verrons, la naissance de la mythologie, si<br />

du moins on ne la relègue pas a priori au statut de pensée « primitive » donc naïve,<br />

apparaît comme d’une extrême complexité ; ce qui montre déjà « que cette institution<br />

[i.e. de l’Etat] ne va pas de soi, la figure royale étant affectée d’un instabilité<br />

immaîtrisable, entre le sage et juste gouvernement, d’une part, et la tyrannie arbitraire,<br />

destructrice de la société, d’autre part. Le pouvoir coercitif est toujours lourd de<br />

menaces, toujours plus ou moins coextensif d’une catastrophe symbolique qu’il est<br />

pourtant censé tenir en lisière […] : qu’un pouvoir s’institue d’un despote sur les autres<br />

hommes, avec le scandale de la servitude volontaire, cela reste à jamais une énigme –<br />

l’énigme même de son institution symbolique, qui distribue en termes reconnaissables<br />

toute la sphère du pensable, du vivable et du praticable –, et c’est cette énigme même<br />

qu’il reste à élaborer, dans les cadres de cette distribution elle-même, c’est-à-dire dans<br />

les termes livrés par cette institution symbolique elle-même, au sein d’une fondation qui<br />

est fondation de la “légitimité” du “système” despotique, de sa viabilité quant au sens ».<br />

(ND, 9-10) C’est à ce travail complexe de fondation, eu égard à l’institution de l’État,<br />

126 “Comme en témoignent de nombreux textes philosophiques (jusqu’à Schelling et Cassirer) et<br />

anthropologiques, on a très longtemps confondu mythologie et mythe. Depuis les travaux de Cl. Lévi-<br />

Strauss (en particuliers les Mythologiques) et de P. Clastre dans le domaine amérindien, c’est ce qu’il<br />

n’est plus possible de faire aujourd’hui” (Qu’est-ce qu’un dieu ? Mythologie et question de la pensée,<br />

1994, 7)<br />

<strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com <strong>33</strong>7

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