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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

S’il est vrai que le cadre ainsi établi permet de comprendre pas mal de choses,<br />

certaines questions restent en suspens. On a pu d’abord noter que cette expression de<br />

moi-même pour autrui dont il a été question, est déjà langage ; c’est même, écrit<br />

Husserl, le « lieu-même » de l’origine du langage. Cela donne à déjà penser que pour<br />

Husserl, tout phénomène-de-langage, c’est-à-dire tout « faire-sens » relèverait<br />

essentiellement de l’apprésentation, et non pas de la « logique pure » telle qu’elle était<br />

présentée inauguralement dans les Recherches logiques. C’est en tout cas ce que pense<br />

Richir avec Husserl, ce qui l’amènera à reprendre à neuf la question de l’essence du<br />

langage. Ensuite, si en effet il n’y a d’intimité de l’Innenleib que s’il y a, de manière<br />

strictement corrélative, chiasme entre les deux corporéités-de-chair (interne et externe),<br />

c’est-à-dire, comme on l’a vu, si cette division s’apparaît à elle-même dans<br />

l’apprésentation d’autrui à travers le même chiasme qui a lieu là-bas, on peut dire que<br />

mon incarnation est corrélative ou tributaire de mon rapport à autrui : je ne suis qu’en<br />

tant que je suis avec autrui. Mais le problème reste ici que pour reprendre l’image de<br />

Richir, avec cette décrue du torrent temporel et avec l’extériorisation qui en est<br />

coextensive, l’intériorité en vient à se centrer, voire à s’enfermer ou s’emmurer : c’est<br />

tout le problème du solipsisme qui à ce niveau, est encore loin d’être conjuré.<br />

Tout tient, explique Richir, en une distinction architectonique à laquelle, il est<br />

vrai, Husserl n’a pas été suffisamment attentif. Il s’agit de distinguer rigoureusement le<br />

Moi transcendantal en tant que constituant le monde, et le Moi constitué ou le Moi en<br />

tant qu’âme, comme faisant partie du phénomène-de-monde constitué. C’est ce<br />

« deuxième » Moi dont Husserl parle dans son texte de 1924 que nous venons<br />

d’examiner ainsi que dans la cinquième Méditation cartésienne ; et c’est seulement à ce<br />

niveau que quelque chose comme la « sphère primordiale » où semble régner le<br />

solipsisme peut être envisagé (en fait : envisagé par abstraction). Or il est un texte où<br />

peut se mesurer cette différence et où peut aussi se donner à comprendre la structure<br />

même du transcendantal : le texte n° 31 dans Hua XV datant de fin février 19<strong>33</strong> sur<br />

lequel Richir revient souvent (Cf. SP, 394 sqq. et MP, 191 sqq.). Dans ce texte, Husserl<br />

en vient à considérer que dans le « monde naturel », nous vivons toujours avec une<br />

« idée de monde » (Weltidee). Mais en tant que dans mon monde de connaissance,<br />

j’inclus l’Autre, il faut dire aussi que j’y inclus son idée de monde, alors que de son<br />

côté, l’autre inclut aussi mon idée de monde. Autrement dit, l’idée de monde a une bien<br />

<strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com 293

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