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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

sein du champ symbolique des concepts et de la langue dans et avec lesquels elle<br />

travaille » (Affectivité, 1993, p. 2). Ainsi, toutes les définitions que donne Kant des<br />

différents éléments de la connaissance ne trouvent leur détermination, dans son<br />

entreprise critique, que par une visée architectonique, c’est-à-dire par la visée d’un<br />

système d’orientation pour la pensée vis-à-vis d’elle-même 113 ; toutes ces définitions<br />

perdent donc leur statut ontologique ou métaphysique, pour être comprises<br />

exclusivement dans leur statut architectonique ou transcendantal : dire que l’Homme est<br />

un être raisonnable, c’est dire en fait que la langue philosophique est amenée à<br />

distinguer, en l’homme, une sensibilité et une raison, cette distinction des facultés de<br />

l’esprit (Gemüt) n’étant pas métaphysique, mais topique – il ne s’agit pas de dire que la<br />

sensibilité et la raison « existent » comme « entités » en l’Homme (par exemple : la<br />

psuchè comme « partie » de l’homme accueillant les formes (eidè) et le noûs comme<br />

« partie » produisant ces mêmes formes), mais que la pensée se comprend elle-même<br />

comme connaissant les choses en vertu de différentes facultés (Cf. ibid.). Comment<br />

maintenant la philosophie transcendantale procède-t-elle concrètement ? C’est ce que<br />

Richir explique dans le courant de sa deuxième Recherche. Citons le texte :<br />

« […] la philosophie transcendantale kantienne est toujours recherche des conditions de<br />

possibilité a priori d’un fait (la connaissance humaine, la moralité 114 , le sentiment<br />

esthétique, l’impression d’une finalité naturelle) qui est cependant mis en suspens dans la<br />

recherche : si un tel fait est possible, alors il faut que … En outre, selon l’esprit du<br />

renversement copernicien, comme un tel fait est toujours un fait humain, et comme les<br />

conditions de possibilité a priori ne peuvent être recherchées qu’en l’esprit humain, la<br />

recherche de ces conditions de possibilité est en quelque sorte immanente à l’esprit<br />

humain, ou plus précisément au fait modalisé par le comme si : il s’agit toujours de<br />

rechercher dans le “creux” du fait ses propres conditions de possibilité a priori, et cela<br />

113 Lire la première Critique en comprenant la détermination des éléments de la connaissance (exposée<br />

par Kant dans la Théorie transcendantale des éléments, première section de la Critique) par<br />

l’architectonique de la raison pure (exposée par Kant dans la Théorie transcendantale de la méthode,<br />

seconde section de la Critique), c’est ce qu’a fait Franck Pierobon dans son ouvrage, remarquable : Kant<br />

et la fondation architectonique de la métaphysique (J. Millon, coll. “Krisis”, Grenoble, 1990); on pourra<br />

lire la préface que Richir a écrit pour cet ouvrage.<br />

114 Remarquons que l’entreprise critique kantienne part toujours d’un fait, et c’est aussi le cas de la<br />

deuxième critique où, de la même manière que dans la Critique de la raison pure, la physique de Newton<br />

était le fait à “justifier”, Kant par du fait acquis de la moralité de l’homme, en cherchant seulement à le<br />

fonder. Alexis Philonenko avait raison de souligner que Kant n’avait pas inventé les formulations de<br />

l’impératif catégorique : on le retrouve dans tous les traités de Droit naturel de l’époque, et plus<br />

particulièrement chez Pufendorf et Achenwall; le projet de Kant est bien de trouver la justification<br />

critique à de telles assertions. Cf. A. Philonenko, L’œuvre de Kant, tome second, Librairie Philosophique<br />

J. Vrin, Paris, 1993, pp. 95 sqq.<br />

310 <strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com

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