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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

Il nous faut donc reprendre toutes ces questions une à une. Comme le note Richir<br />

en plusieurs endroits, la question essentielle qui anime toute la pensée de l’Ereignis<br />

(comme d’ailleurs toute la pensée du second Heidegger, cf. ARC, 38 sqq.) est la<br />

question de l’identité. C’est particulièrement clair dans le texte intitulé Identité et<br />

différence (Le principe d’identité) 71 qui comme on le sait, est un des textes majeurs où<br />

Heidegger introduit la problématique de l’Ereignis. Dans son texte, Heidegger en vient<br />

rapidement au célèbre vers de Parménide qu’il aura sans doute médité toute sa vie, et où<br />

il est dit que c’est le même que « penser » et « être » ; comme le note Richir (Cf.<br />

Ereignis, temps et phénomènes, p. 15), il ne s’agit plus ici de l’identité entre ce qui est et<br />

ce qui est pensé comme chez Husserl où étaient identifiées les teneurs de sens noétiques<br />

et noématiques, mais de l’identité du penser et de l’être ; c’est dire que tant l’être que le<br />

penser ont leur place dans un Même, et que par là ils s’entre-appartiennent<br />

mutuellement. Il s’agit donc de penser ce Même où s’articulent le lieu de l’être et le lieu<br />

du penser. La question est dès lors aussi celle du rapport entre l’homme en tant qu’il<br />

pense et l’être qui lui correspond et lui répond. Mais à la différence des textes de<br />

l’époque de l’ontologie fondamentale, ce rapport ne sera plus pensé dans le cadre d’une<br />

herméneutique ; comme le note Richir dans Au-delà du renversement copernicien (p. 38<br />

sqq.), il y a chez le second Heidegger une exigence de penser la question du sens de<br />

l’être indépendante du cercle herméneutique, c’est-à-dire anthropologique ou<br />

copernicien : il ne s’agit plus tant de penser l’être de l’étant en partant de l’homme<br />

comme lieu de l’être (Da-sein), comme cet étant sur lequel il s’agit de lire les différents<br />

sens de l’être, mais de penser ce Même par lequel adviennent être et penser – mais<br />

aussi, comme nous le verrons, être et temps, parole et monde ... Plus exactement, il<br />

s’agit de penser ce par quoi adviennent être et penser depuis le Même comme en vertu<br />

d’un don, selon lequel « il y a » (Es gibt; littéralement : « ça donne ») être et « il y a »<br />

penser. « Ce par quoi » : c’est-à-dire ce que Heidegger pensera comme Ereignis. 72 Mais<br />

pour penser l’Ereignis, nous dit encore Heidegger, il faut que la pensée s’accorde au<br />

71 Identität und Differenz, Neske, Pfullingen, 1957 ; tr. fr. par A. Préau, in Question I, Gallimard, Paris,<br />

1968, pp. 253-310. Ce texte est commenté brièvement par Richir dans Ereignis, temps et phénomènes, pp.<br />

14-16 ; on notera que c’est ce même texte qui sert de support à la méditation inaugurale de Richir dans Le<br />

rien enroulé (1970).<br />

72 « L’être (Seyn) comme le penser a sa place dans une identité dont l’être (Wesen) vient de se laisser<br />

s’entr’appartenir (Zusammengehörenlassen) que nous nommons Ereignis. L’être (Wesen) de l’identité est<br />

donc une propriété de l’Ereignis » (Identität und Differenz, op. cit., p. 27 ; tr. fr. p. 73).<br />

<strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com 257

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