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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

dans l’infinité comme telle [i.e. infinité non mathématique] de ce qu’il va nommer sa<br />

“confusion”, qui est à prendre ici au sens littéral. Si je puis feindre, c’est qu’il y a de<br />

multiples feintes dans la pensée elle-même, dans la mienne comme dans celle supposée<br />

du Malin Génie […] » (DHM, 116). Mais bien plus encore, dans la mesure même où la<br />

pensée est comprise par Descartes dans l’indistinction du sentir et du connaître (« une<br />

chose …qui imagine aussi et qui sent »), il faut dire que le sujet cartésien, à la pointe du<br />

cogito, en tant que res cogitans, est envisagé dans toute sa contingence qui est aussi<br />

celle de sa chair. C’est pourquoi Richir notera dans ses Méditations phénoménologiques<br />

que « pour avoir beaucoup glosé sur le dualisme cartésien, on n’a peut-être pas assez<br />

souligné que le cogito est, chez Descartes, le moment impensable de l’incarnation, dont<br />

on retrouve la facticité dans la contingence incompréhensible de l’ “union<br />

substantielle” de l’âme et du corps, et auquel est forcément inadéquate la reconstruction<br />

véritablement métaphysique de la “glande pinéale”. » (MP, 80-81). Ce qu’il faut<br />

comprendre ici, c’est que cette rencontre de la facticité de l’existence (incarnée) est<br />

bien, pour Richir, une véritable rencontre phénoménologique dans ce qu’il nommera<br />

l’expérience du sublime ; et c’est là que Descartes reste encore pour nous un guide<br />

précieux.<br />

Dans le cadre de cette lecture, il faut bien dire que la seconde partie de la<br />

deuxième Méditation, la fameuse analyse du morceau de cire, est en « rupture radicale »<br />

(DHM, 117) avec ce qui précède ; car il s’y agit bien de retrouver, sur fond de la<br />

certitude de la facticité du Je suis, l’évidence des contenus de pensée dont il n’a pas<br />

encore été question jusqu’ici. Pour le dire d’un mot, on passe de la pensée (dans sa<br />

facticité) à la connaissance, qui est connaissance objective, et par laquelle je reconnais<br />

ce que je vois comme étant (Cf. DHM, 117). Richir ne s’arrête pas longuement sur ce<br />

passage, mais remarque seulement que toute l’analyse « est profondément biaisée par<br />

l’usage quasiment naïf de la langue et des concepts philosophiques » (DHM, 117) ;<br />

donc qu’il ne s’agit plus ici d’une rencontre phénoménologique, mais d’une reconnaissance<br />

des termes symboliquement institués. Cela sera confirmé par la troisième<br />

Méditation où, pour s’assurer cette fois, non plus de la netteté de la pensée quant à ses<br />

contenus, mais de leur vérité, Descartes aura recours à l’argument ontologique : pour<br />

m’assurer de ce que je pense vraiment lorsque je pense, j’en viens à considérer « l’idée<br />

de l’infini », qui n’est plus l’infini indéterminé auquel donnait accès l’hyperbole, mais<br />

<strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com 303

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