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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

sons joués par les instruments de l'orchestre joue précisément comme un accord<br />

(dissonant ou consonant, peu importe ici), c’est qu’il procède déjà d’une synthèse<br />

passive. Mais l’aporie que va rencontrer Husserl survient seulement lorsqu’il en vient à<br />

considérer l’apparition de nouvelles impressions originaires dans la sphère du présent –<br />

l’intervention de nouveaux instruments ou de nouvelles notes – et la disparition<br />

d’autres. « Toute nouveauté dans le flux stratifié du présent originaire est<br />

immédiatement suivie de sa queue rétentionnelle [et de sa queue protentionnelle, même<br />

si Husserl n’en fait pas mention dans ce texte] (série transversale , attachée à ce qui<br />

apparaît, et qui s’enfouit dans le passé immédiat), alors même que toute disparition est<br />

précédée de son écho persistant dans des rétentions (séries transversales) ayant perdu<br />

leur tête, leur impression originaire, avant que cet écho disparaisse lui-même dans la<br />

nullité. Et tout cela fusionne (verschmelzen) dans le présent originaire, c’est-à-dire, par<br />

ailleurs, dans l’ordre local, qui est donc celui d’un lieu, d’une spatialisation mettant en<br />

continuité le non-identique, dans la co-appartenance ou la coexistence » (Ibid.) La<br />

situation est donc telle que à côté de ce que Richir appelle les « séries transversales »<br />

(toutes les apparitions munies de leur impressions originaires ainsi que de leurs queues<br />

rétentionnelle et protentionnelle), jouant dans le temps, il y aurait aussi des « séries<br />

longitudinales » associant des moments de différentes « séries transversales » pour<br />

former d’autres « unités phénoménologiques » ; et Richir d’ajouter que ces « séries<br />

transversales » ne joueraient plus dans le temps (comme pour les « séries<br />

transversales »), mais dans l’espace. Cette situation donnerait donc à penser qu’il y<br />

aurait, corrélativement à la temporalisation originaire, une spatialisation tout aussi<br />

originaire, procédant de la synthèse passive.<br />

Mais quelle est donc maintenant l’aporie aux yeux de Husserl ? Précisément dans<br />

le fait que ces associations longitudinales procèdent en fait de ce qu’il faut bien appeler<br />

une « transgression intentionnelle » (Ibid., 16), en vertu de laquelle des flux temporels<br />

supposés être hétérogènes sont associés les uns avec les autres : des associations, non<br />

seulement d’éléments supposés hétérogènes d’un même flux, mais aussi et surtout, des<br />

associations d’éléments de flux eux-mêmes hétérogènes. Il y a bien à première vue<br />

aporie, puisque cette situation semble en contradiction avec l’homogénéité supposée par<br />

Husserl du temps. L’aporie est telle que la situation mise en place par Husserl l’amène à<br />

penser quelque chose comme une « ubiquité du maintenant » (Ibid., 18) ; à moins de<br />

284 <strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com

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