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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

qui est en fait un moment de sublime phénoménologique, survient comme un<br />

« moment » qui laisse « sans voix », qui dépasse le sens commun, qui suspend donc la<br />

langue dans son pouvoir de signifier et qui par là même laisse jaillir le langage. « Dans<br />

tout cela, il faut remettre de l’ordre (local dans le mythe, global dans la mythologie) en<br />

re-temporalisant/re-spatialisant le langage en sens depuis des prémisses qui soient<br />

repérables, au moins relativement, dans le cadre de l’institution symbolique ellemême<br />

» (EP, 56). Il faut donc y insister, mythes et mythologies ne sont pas en euxmêmes<br />

sublimes, mais en sont plutôt « l’élaboration » ou « l’économie » (Cf. EP, 57).<br />

Mais il reste encore dans ceci une dimension architectonique qu’il ne faut pas<br />

négliger. Dans cette économie du sublime, certes, le langage jaillit et est recodé dans les<br />

termes mêmes de la langue, mais il faut noter que par là même, la langue en vient aussi<br />

à se recoder : l’institution de la pensée mythique (ou mythologique) est bien une<br />

institution symbolique se faisant. « C’est donc l’institution symbolique de la langue qui<br />

est aussi remise en jeu, non pas de manière telle que du langage à la langue le passage<br />

serait pensable [...], mais de telle sorte au contraire que le hiatus entre langage et langue<br />

s’ouvre comme un abîme au fond duquel vient poindre l’instituant symbolique, comme<br />

ce qui, dans le cas de la langue, ferait adhérer l’un à l’autre signe et sens, depuis son<br />

enfouissement illimité en tant qu’impossible archè » (EP, 57). Dans le mouvement<br />

architectonique par lequel le langage en vient à se recoder en langue, et par lequel, dans<br />

le même mouvement, la langue se recode eu égard au langage qui surgit au sein de son<br />

économie, apparaît l’instituant symbolique, comme ce qui, en abîme, réconcilie langage<br />

et langue : dans le cas du monothéisme, nous l’avons vu, il s’agit de Dieu<br />

(monothéisme juif ou chrétien) ou de l’Un (monothéisme philosophique); dans le cas<br />

des pensées en concrétion, il s’agira, pour la mythologie, du « monde » autoconsistant<br />

des dieux - en effet, l’ordre symbolique des hommes dépend de la puissance symbolique<br />

des dieux -, pour les mythes, mais comme le reconnaît Richir, de manière plus<br />

problématique « l’innommable » (Cf. EP, 57).<br />

Toujours est-il qu’après ce bref parcours, on mesure combien il est difficile, pour<br />

la philosophie, de comprendre les pensées mythiques et mythologiques de l’intérieur.<br />

Par rapport aux concrétudes mises en jeu dans de telles pensées, notre pensée propre<br />

paraît bien comme instituée selon un schéma radicalement divergent. Il ne faut donc pas<br />

<strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com 347

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