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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

ou de l’institution symbolique ; il s’agit de scruter ces aperceptions de langue, donc, et<br />

d’en saisir la genèse, c’est-à-dire, de saisir les traces phénoménologiques qui subsistent<br />

en elles, lesquelles paraissent comme les traces du langage (phénoménologique) dans la<br />

langue (symboliquement instituée). Cette deuxième voie pour la phénoménologie<br />

revient en fait à pratiquer ce que Richir nomme depuis peu la « réduction<br />

architectonique » (Cf. L’expérience du penser), ce qui renoue, on le voit, avec ce que<br />

Husserl entendait par « phénoménologie génétique », mais qui n’est plus réglée par<br />

l’eidétique telle que le pensait encore Husserl.<br />

Expliquons-nous sur ce dernier point. La problématique de la phénoménologie<br />

conçue comme exercice de la réduction architectonique, est le problème de la genèse<br />

des « choses » que nous percevons, c’est-à-dire, nous le savons, le problème du rapport<br />

qu’entretiennent les aperceptions de langue, non pas avec leur commencement, mais<br />

avec leur origine (transcendantale), laquelle paraît tout d’abord comme phénomène de<br />

langage. Mais ce rapport entre ces deux états A (phénoménologique) et B (institué) de la<br />

pensée, est aussi la question du passage de A à B ; « passage qui n’est pas simple,<br />

puisqu’il ne les pas entre deux “états” A et B qui seraient définis. Passage qui n’est donc<br />

pas transition entre deux “états”, mais institution d’un “état” B, celui de la langue,<br />

depuis un pseudo “état” A, celui du langage, qui est celui d’une masse fuyante, fluente<br />

et inchoative, comportant une part (la plus importante) de radicale indétermination,<br />

puisqu’elle est masse d’amorces et d’avortons de sens, de sens désamorcés, et de<br />

lambeaux de sens mutuellement transpassibles. » (EP, 251) Ce passage, Richir y a<br />

insisté dans toute son œuvre, n’est donc pas à comprendre en terme de déduction ou de<br />

dérivation ; il procède de la contingence de l’institution symbolique, ou, pour parler<br />

comme Fichte, il constitue un passage « par hiatum irrationnalem » (Cf. ibid.). Or<br />

comment, dans notre institution symbolique qui est celle de la philosophie, avons-nous<br />

pensé ce passage ? Telle est bien la question qu’il faut d’abord poser dans le cadre de la<br />

réduction architectonique, qui est dès lors réduction de notre propre institution<br />

symbolique à son architectonique. Comme on le sait, la pensée philosophique a le plus<br />

souvent traité ce passage en occultant son hiatus constitutif, tentant, par une sorte de<br />

« saltum mortale » (toujours Fichte), de combler l’abîme qui sépare les deux pôles : les<br />

choses perçues ou pensées (les aperceptions de langue) y sont envisagées, comme de<br />

droit, identifiables à leur origine. La pensée philosophique pose donc la tautologie entre<br />

<strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com 329

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