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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

poser au lieu de la déchirure, et tenter « de ne porter à l'expression philosophique que ce<br />

que le monde, dans son silence, veut tout de même dire » (Ibid., 130). Mais ici encore,<br />

un obstacle surgit. Le troisième obstacle est celui constitué par la philosophie du négatif<br />

et par la philosophie dialectique. Soit d'abord la philosophie du négatif ou de l'être et du<br />

néant, essentiellement représentée par J.-P. Sartre. L'examen de cette philosophie,<br />

« curieusement et exceptionnellement long » s'étonne Richir (Ibid., 130), nous montre<br />

bien qu'elle procède en fait d'une inversion de la philosophie réflexive : « au lieu de<br />

mettre tout le positif au dedans et de traiter tout le dehors comme simple négatif, elle<br />

définit l'esprit comme le négatif pur qui ne vit que de son contact avec l'être extérieur,<br />

tout à fait positif » (Ibid.). On comprend dès lors qu'une solution serait de considérer<br />

« le mouvement au sein même duquel se constituent l'être et le néant comme pôle d'une<br />

dialectique » (Ibid., 131); en effet, précise Richir, c'est cela même vers quoi s'achemine<br />

Merleau-Ponty, mais pour préciser qu'il y a, outre la « bonne » dialectique, une<br />

« mauvaise » dialectique. Cette dernière est incontestablement représentée par Hegel.<br />

La dialectique hégélienne, en effet, « est sans doute le comble de la fiction : elle réussit<br />

ce tour de force d'utiliser les ressources mêmes de la feinte du phénomène en lui-même<br />

pour construire, en régime de pure pensée, une onto-théologie positive et stable ne<br />

gardant en elle-même que la pure apparence – c'est-à-dire l'illusion – du mouvement,<br />

lequel n'y est jamais que la médiation située et en quelque sorte domestiquée devant<br />

articuler les concepts, alors même que le système se donne avec l'ambition d'épouser le<br />

mouvement même des choses » (Ibid., 131). Reste donc la « bonne dialectique » pour<br />

laquelle « toute thèse est idéalisation, que l'Être n'est pas fait d'idéalisations ou de<br />

choses dites » (VI, 129) ; pour laquelle, donc, ce qu'il faut rejeter est cette « idée que le<br />

dépassement qui rassemble, aboutisse à un nouveau positif, à une nouvelle position »<br />

(VI, 129). Et tel est, selon Richir, le nouveau départ qu'annonçait Merleau-Ponty et qui<br />

trouve ici « sa première expression fondamentale et fondatrice » (SPV, 132) : « il réside<br />

dans l'inaccomplissement principiel du monde, des phénomènes et de nous-mêmes, qui<br />

constitue en réalité l'ouverture elle-même de la foi perceptive au monde, de la foi<br />

perceptive à elle-même, de moi à autrui, du sensible à l'intelligible, du monde muet à<br />

l'expression, etc. » (Ibid., 132)<br />

On en vient donc à une première conclusion, concernant le sens du<br />

questionnement philosophique : la philosophie ne peut être que « la foi perceptive<br />

<strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com 269

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