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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

penser que ces unités phénoménologiques constituées par les séries transversales ne<br />

soient pas elles-mêmes temporelles. Et c’est ce que Husserl pense en effet dans toute<br />

une partie de son texte, alors que d’un autre côté, il semblait bien tenter de penser autre<br />

chose. Reprenons donc les indications données par Husserl lui-même. Dans la Beilage<br />

XVIII, il écrit qu’il ne pourrait exister aucun monde sans le travail de la synthèse<br />

passive (Cf. APS, 406 ; tr. fr., 392) ; dans la Beilage XIV, il indique que les<br />

associations originaires (i.e. les synthèses passives) ne se fonde pas dans l’essence (im<br />

Wesen) » (APS, 390 ; tr. fr., 375) ; et dans cette même Beilage, il précise que ces<br />

associations ou synthèses jouent comme des « résonances », c’est-à-dire par<br />

« harmonie », expressions très parlantes sur lesquelles Richir va s’arrêter longuement.<br />

Dire que ces associations sont des résonances, cela signifie, selon Richir, qu’elles sont<br />

« des accords entre “éléments” qui les font résonner à l’unisson, les font s’amplifier l’un<br />

l’autre, dans un recouvrement les tenant à distance, voire même, qui font que la<br />

vibration “ontologique” de l’un des “éléments” est propre à éveiller celle d’un autre »<br />

(SPT, 21) Toute la question reste donc de comprendre le statut énigmatique de ces<br />

résonances ou harmonies ; surtout lorsque Husserl explique (Cf. APS, 407 ; tr. fr., 393)<br />

que l’élément éveillé dans l’harmonie est déjà en rapport avec celui qu’il éveille avant<br />

même qu’il ne soit rendu présent (vergegenwärtig) (Cf. SPT, 22). Husserl, évidemment,<br />

ne nous donne ici que des indications succinctes ; mais la thèse de Richir est bien<br />

claire : l’harmonie ou la résonance en jeu dans la synthèse passive se joue en fait à<br />

l’insu de la temporalisation en présence, dans une autre dimension qu’il nomme<br />

l’inconscient phénoménologique (Cf. ibid.) – cela même qu’il avait déjà rencontré chez<br />

Heidegger et Merleau-Ponty. Dès lors : « La passivité de la synthèse passive n’est telle<br />

que parce qu’elle est bien, pour ainsi dire, l’“activité” inconsciente et in-nocente de<br />

l’inconscient phénoménologique. Ce qui est en résonance n’est pas tout entier constitué<br />

dans la phase de présence munie de ses rétentions et de ses protentions, mais s’est déjà<br />

constitué derrière elle comme en sa matrice transcendantale […] » (Ibid.). Et Husserl<br />

accréditera en un certain sens cette thèse, lorsque dans la Beilage XIX (Cf. APS, 411-<br />

416 ; tr. fr., 397-402), il distinguera dans la sphère du présent un arrière-fond affectif<br />

qu’il rattache à la limite à l’inconscient (das « Unbewusste »). Il ajoute aussi (Cf. ibid.)<br />

que ces cohésions affectives (i.e. unités phénoménologiques) procèdent d’une certaine<br />

rythmique ; d’une rythmique, donc, qui pour tenir ensemble ces unités ne peut être<br />

<strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com 285

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