10.06.2014 Views

Descargar número completo (3,33 MB) - Eikasia

Descargar número completo (3,33 MB) - Eikasia

Descargar número completo (3,33 MB) - Eikasia

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

lecteur de Merleau-Ponty : il s’agit avant tout de renouer avec le style propre du<br />

philosophe ; style caractéristique, entre autre, par son incessante attention au concret. Il<br />

ne s’agit pas tant de « retrouver » l’interrogation même du philosophe, précise Richir,<br />

« car il s’agit là d’une grâce native, d’accord heureux avec les choses et les êtres, de<br />

jouvence de l’œil et des sens qu’il est seulement possible d’évoquer, dans la mesure où<br />

on la sent à la lecture » (SPV, 125). Il s’agit plutôt, peut-être plus humblement, d’en<br />

percevoir la dynamique et le mouvement, lequel pourra peut-être nous conduire à<br />

redéfinir le sens de la phénoménologie, et plus globalement, de la philosophie. Et<br />

l’article de 1982 que nous allons d’abord examiner, s’attache principalement à montrer<br />

que cette redéfinition du sens de la phénoménologie se prépare, dans le Visible et<br />

l'invisible, par un « mouvement qui fait sens », amenant le lecteur jusqu'au chapitre<br />

ultime intitulé « L’entrelacs et le chiasme ». Car comme le notait Claude Lefort,<br />

l’éditeur de l’ouvrage, ce dernier chapitre serait bien plutôt le chapitre initial d’une<br />

deuxième partie, dans laquelle toute l’interrogation philosophique eût été reprise à<br />

nouveaux frais. Reprenons donc les moments principaux de ce mouvement, tels que les<br />

dégage très subtilement Richir. Il s’agit là d’un mouvement « très husserlien<br />

d'inspiration » (SPV, 127), puisque Merleau-Ponty s'y pose la question de la « foi<br />

perceptive », ou, dans les termes de Husserl, de l'Urdoxa, et qu’il y critique les<br />

démarches philosophiques ayant en commun de prendre leur départ dans l'effacement de<br />

la question; c'est le cas du scientisme, de la philosophie de la conscience ou de la<br />

réflexion, de la philosophie du négatif, et de la philosophie dialectique (Cf. ibid.). Ces<br />

démarches sont donc à comprendre comme autant d’obstacles à l’ouverture même du<br />

questionner philosophique.<br />

Le premier obstacle est celui du scientisme. Il ne s’agit pas ici de la démarche<br />

scientifique proprement dite – Merleau-Ponty s'y était attaché dans ses Cours au<br />

Collège de France –, mais plutôt de l'utilisation idéologique de la science, selon laquelle<br />

« la » science serait l'ultime explication du problème du monde. Il faut dès lors montrer,<br />

comme le fait Merleau-Ponty, que ce « recours se fonde sur une ontologie naïve et<br />

implicite d'un vrai en soi corrélatif d'une pure objectivité accessible à un survol absolu »<br />

(Ibid., 128). Et c'est précisément cette foi implicite qu'il faut remettre en cause, dans<br />

cette tâche paradoxale de dire « comment il y a ouverture sans que l'occultation du<br />

monde soit exclue, comment elle reste à chaque instant possible bien que nous soyons<br />

<strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com 267

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!