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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

ouverture de son Introduction 8 à la traduction qu’il publie en 1977 des Recherches sur la<br />

liberté humaine (1809). Il est vrai qu’il y avait quelque extravagance voire provocation<br />

à publier dans une collection sur la « critique de la politique » ce texte de « grande<br />

métaphysique » (RLH, 13) où il est non seulement question de la liberté humaine, mais<br />

aussi de Dieu, de la création du monde, du Bien et du Mal, etc. La métaphysique n’estelle<br />

pas chose du passé, voire chose nuisible ? Il faut remarquer en tout cas qu’il est une<br />

constante dans la pensée de Richir : d’en revenir à ces questions fondamentales, peutêtre<br />

utopiques ou inaccessibles, mais qui font notre condition humaine, malgré les<br />

critiques positivistes, bien plus prégnantes à l’époque que aujourd’hui. « A ceux qui se<br />

braquent au simple mot de métaphysique, écrit Richir, nous n’avons rien à répondre,<br />

sinon qu’en un sens, ils ont bien de la chance d’être aussi tranquille dans leurs<br />

certitudes : la certitude aide à vivre, on le sait, peut-être, d’ailleurs, davantage<br />

aujourd’hui qu’autrefois, et seul un profond bouleversement matériel peut faire douter<br />

des hommes qui s’attachent à leur certitude comme à leur fromage. […] En ce sens, les<br />

Recherches de Schelling ne s’adressent qu’aux « autres », ceux qui ne croient pas tout<br />

savoir, ou du moins ceux qui ne croient pas savoir plus ou moins bien à quoi s’en tenir :<br />

ceux que les mots n’effraient pas, les incertains, ceux qui vivent dans l’incertitude sans<br />

en vivre – car vivre de l’incertitude équivaut à vivre de la certitude –, bref ceux qui<br />

cherchent parce que, tout bien pesé, ils ne savent pas, n’arrivent pas à assouvir leur désir<br />

de savoir tout en reconnaissant en ce désir l’une des questions fondamentales de la<br />

condition humaine » (RLH, 14) En tant que métaphysique radicale la lecture des textes<br />

de Schelling trouve donc déjà tout son intérêt aux yeux de Richir, puisqu’elle éveille en<br />

nous les questions abyssales de notre humanité. Mais le projet de Richir peut aussi se<br />

comprendre par un autre éclairage : Schelling est le premier philosophe à être<br />

8 Il faut préciser que les études schéllingiennes n’étaient pas alors ce qu’elles sont aujourd’hui, loin s’en<br />

faut. La situation en était plutôt, dans le cadre d’une re-découverte de l’auteur, aux travaux pionniers :<br />

certes, il y avait déjà les travaux de W. Schulz et de H. Fuhrmans en Allemagne (W. Schulz, Die<br />

Vollendung des Deutschen Idealismus in der Spätphilosophie Schellings, Neske, Pfullingen, 1975 (1 ère éd.<br />

: 1954); H. Fuhrmans, Schellings Philosophie der Weltalter, L. Schwann, Düsseldorf, 1954), mais les<br />

travaux de J.-F. Marquet et de X. Tilliette (J.-F. Marquet, Liberté et existence, Etude sur la formation de<br />

la philosophie de Schelling, Gallimard, Paris, 1973; X. Tilliette, Schelling, une philosophie en devenir,<br />

Vrin, Paris, 1970, 2 tomes) en France redonnaient un souffle nouveau à ces études ; à cela, il fallait<br />

ajouter la publication en 1971du cours de Heidegger sur Schelling (1936) (Heidegger, Schellings<br />

Abhandlung über das Wesen der menschlichen Freiheit, Niemeyer, Tubingen, 1971). Une première<br />

traduction du même texte était déjà parue : Schelling, La liberté humaine, tr. fr. par Georges Politze et<br />

Introduction de Henri Lefebvre, Rieder, Paris, 1926.<br />

204 <strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com

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