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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

que Heidegger continue de pratiquer tout au long de Unterwegs zur Sprache. En ce<br />

sens, passé et futur en leur sens transcendantal constituent, eu égard à la présence, une<br />

sorte d’absence à l’origine constitutive même de la présence. Et lorsque l’on songe que<br />

la présence est en fait temporalisation en langage, c’est-à-dire conscience, on peut dire<br />

qu’en vertu de l’Enteignis, il y a une part irréductible d’in-conscience ou d’in-nocence<br />

irréductible à du langage dans toute donation : il s’agit de cela même que Richir<br />

pensera, dans ses propres termes, comme inconscient phénoménologique.<br />

On le voit, la lecture richirienne de Heidegger nous engage dans des sentiers fort<br />

singuliers, et en tout cas bien éloignés de ceux sur lesquels nous invitaient les<br />

heideggeriens. Qu’est-ce que Heidegger nous donne à penser ? Quel est le sens et la<br />

tâche de la phénoménologie après Heidegger ? Telles sont les questions que Richir<br />

préfère poser plutôt que dans rester à des formules toutes faites supposées transmettre<br />

l’orthodoxie heideggerienne. Ce sont précisément les questions sur lesquelles Richir<br />

clôture son article intitulé Ereignis, temps et phénomènes : « quelle est désormais la<br />

tâche de la phénoménologie après Heidegger ? A nos yeux, certainement pas celle que<br />

lui assignait encore Heidegger en 1973, au Séminaire de Zähringen, quand il voyait<br />

dans la “pensée tautologique” le “sens originaire de la phénoménologie”. Cela, c’est,<br />

pour ainsi dire son sens originel, historique, depuis Husserl, le sens où il s’agit, dans la<br />

réinstitution symbolique de la métaphysique au lieu de la tautologie symbolique entre<br />

être et penser, de dégager “purement” des états-de-choses eidétiques. Or la profondeur<br />

de la phénoménologie, tant chez Husserl que chez Heidegger, là où ils nous montrent le<br />

chemin le plus bouleversant, réside dans l’épreuve que cette fermeture symbolique de la<br />

métaphysique s’avère impossible, et ce, encore une fois, tant chez Husserl que chez<br />

Heidegger. C’est-à-dire là où l’absence de présuppositions, mise en avant pour accéder<br />

à la Sache selbst doit aussi porter sur la présupposition de ce qu’il faut pour que “ça<br />

marche”, et ce, dans la mesure où “ça marche” toujours quand on le veut, quand on s’en<br />

donne les moyens. Quoi qu’on en ait dit, [...] ce qui pousse Heidegger en avant depuis<br />

Sein und Zeit jusque Zeit und Sein en passant par la masse des cours et des textes dont<br />

on annonce la publication, c’est l’impossibilité de se fixer, comme l’eussent fait un<br />

Descartes ou un Hegel, à la tautologie symbolique instituante de la métaphysique. Si<br />

Husserl et Heidegger ont encore tant à nous apprendre, c’est que leur travail acharné,<br />

qui a dû constituer le fardeau de leur Dasein, a été celui d’échapper à la présupposition<br />

<strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com 263

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