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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

vient à articuler l’Ereignis à l’Enteignis. Et c’est particulièrement cette articulation qui<br />

intéressera Richir depuis Au-delà du renversement copernicien (Cf. également<br />

l’Introduction de PTE). On sait que cette conférence s’interroge d’abord sur le propre de<br />

l’être en s’interrogeant sur le propre de temps : il s’y avère que, tant l’être que le temps<br />

ne sont pas, et qu’en vertu de ce non-être, il faut passer au « il y a » (Es gibt), lequel est<br />

envisagé eu égard au donner et ensuite eu égard au Es qui donne, ce dernier étant alors<br />

visé comme Ereignis. Or, poursuit Heidegger, dans l’Ereignis où il y a temps et être<br />

(...), quelque chose se retient ou se réserve ; il y a, au creux même de la donation, une<br />

non-donation qui lui est constitutive ; et c’est cela seul qui peut expliquer que les trois<br />

ek-stases du temps demeurent à l’écart l’une de l’autre, et de même pour l’écart<br />

maintenu entre la Sage et la Sprache. Cette non-donation originaire est ce que<br />

Heidegger nomme l’Enteignis, irréductiblement articulé à l’Ereignis et qui en constitue,<br />

pour ainsi dire, la finitude : ce en quoi la donation ne peut jamais s’effectuer dans le<br />

libre d’une éclaircie totale, et ce par quoi le donné ne peut jamais s’identifier<br />

simplement à un état-de-chose eidétique. C’est là pour Richir la véritable pointe de<br />

l’œuvre heideggerienne, le lieu par lequel Heidegger ne tomba jamais dans une pure et<br />

simple réinstitution de la métaphysique, et qu’il faut scruter avec le plus grand soin.<br />

Mais nous en venons directement quant à nous aux conclusions auxquelles Richir<br />

aboutit – parfois déjà un peu au-delà de Heidegger. Et tout d’abord en ce qui concerne<br />

la temporalité : « c’est parce qu’il y a de l’Enteignis dans l’Ereignis qu’il y a de l’espace<br />

en lui, que les trois dimensions sont tenues écartées l’une de l’autre, qu’il y a plus dans<br />

le passé que la rétention du présent, et plus dans le futur que sa protention » (Ereignis,<br />

temps et phénomènes, p. 26). C’est donc parce qu’il y a non-donation au sein de la<br />

donation en présence, que le temps n’est pas continu et uniforme, selon la structure du<br />

présent vivant que Husserl lui conférait dans ses Leçons de 1905. Les trois dimensions<br />

du temps sont tenues à l’écart l’une de l’autre : c’est dire en fait qu’il y a de l’espace au<br />

sein même du temps (et du temps au sein de l’espace), ou encore une dimension non<br />

temporelle qui distingue radicalement le passé (ou le futur) de la présence, et en vertu de<br />

quoi le passé est un passé transcendantal (Schelling) qui n’a jamais eu lieu au présent –<br />

et l’on voit que par là, on ne peut plus accepter, non seulement la thèse du § 70 de Sein<br />

und Zeit en vertu duquel l’espace était « déduit » du temps, mais également la<br />

distinction radicale entre le temps en sa temporalisation et l’espace en sa spatialisation<br />

262 <strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com

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