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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

les œuvres et le monde humains à partir du cadre conceptuel établi par Heidegger, mais<br />

de lire les textes de Heidegger pour eux-mêmes, comme un corpus de textes qu’il s’agit<br />

d’interroger, avec lesquels il faut penser, mais aussi, parfois, contre lesquels notre<br />

pensée est amenée à devoir se poser – contre, c’est-à-dire tout à la fois en proximité et<br />

en opposition.<br />

C’est ce que l’on peut comprendre de la démarche pratiquée par Richir dans ses<br />

premiers écrits ; mais c’est aussi ce qu’il a lui-même essayé d’expliquer dans un article<br />

paru en 1988 dans la revue « Esprit » et intitulé D’un ton mégalomaniaque adopté en<br />

philosophie. Cet article rédigé « à propos du livre de Victor Farias, Heidegger et le<br />

nazisme (Verdier, 1987) » (D’un ton mégalomaniaque adopté en philosophie, p. 74)<br />

tente très clairement de situer l’attitude à adopter par rapport à un penseur comme<br />

Heidegger ; et il est très caractéristique que Richir s’oppose tout aussi bien à l’adoption<br />

unilatérale et irréfléchie d’une pensée (l’heideggerianisme) qu’au refus massif et<br />

inconsidéré. Il écrit à ce propos : « Nul doute que le livre de V. Farias ne soit salutaire<br />

en ce qu’il “déboulonne” la statue figée du “plus grand philosophe du XX e siècle”, en ce<br />

qu’il met fin à une idolâtrie ou à un dogmatisme qui n’a que trop duré, et incite – on se<br />

plaît à espérer que la leçon sera entendue – à la plus grande circonspection en ce qui<br />

concerne l’usage des superlatifs » (Ibid., p. 74). Mais le compliment s’arrête là ; car si<br />

Richir reconnaît qu’une telle étude possède un grand intérêt dans son projet, il marque<br />

plus de réserve quant à la réalisation. Tout d’abord, précise-t-il (Ibid.), l’auteur<br />

n’apporte aucune source nouvelle puisqu’il se documente lui-même à des sources bien<br />

connues (les travaux de G. Scheeberger, H. Ott et B. Martin, il est vrai, inédits en<br />

français) ; mais surtout, la méthode utilisée par Farias semble pour le moins<br />

contestable : « la lecture attentive de l’ouvrage montre qu’il s’agit plus de l’instruction<br />

d’un dossier d’accusation que d’un dossier d’historien » (Ibid.) ; un dossier où tout<br />

semble déjà joué dès le début, et où le sens critique n’a que peu de place : « La méthode<br />

de Farias est donc on ne peut plus contestable, elle n’a que fort peu du souci patient,<br />

modeste et critique de l’historien, car elle est en permanence gauchie par des<br />

glissements, des insinuations, des traductions de termes qui vont toujours dans le même<br />

sens, plutôt naïf, si l’on prête à l’auteur une rigoureuse honnêteté, déjà totalitaire si on<br />

lit l’univocité de sa thèse comme l’univocité d’une intention » (Ibid., nous soulignons<br />

« totalitaire »).<br />

238 <strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com

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