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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

entendu de laisser l’équivoque sur le statut de l’autonomie de ce qu’ils sont supposés<br />

désigner : on peut toujours comprendre par là, soit un être en dehors du monde, soit un<br />

être dans ou au monde. Ce qui caractérise l’homme, pour Heidegger, c’est le Dasein,<br />

terme plus ou moins intraduisible, qui, dans sa double fonction substantive et verbale,<br />

signifie que l’homme est cet existant (Dasein) qui est toujours déjà là (Da) au monde :<br />

l’existence (Dasein) n’est dès lors plus à comprendre comme une existence<br />

métaphysique (l’existentia par opposition à l’essentia), mais comme « ek-sistence »,<br />

comme « être soi à distance de soi », c’est-à-dire comme existence originairement<br />

mondaine, temporelle et mortelle, dans un monde à chaque fois mien, sous l’horizon<br />

duquel apparaissent les êtres et les choses – ce que Heidegger désigne par le terme<br />

générique d’ « étant » (sur tout ceci, cf. l’article sur l’Affectivité, 1993).<br />

L’homme est donc envisagé dans son existence (Dasein) comme constitué d’une<br />

ouverture (Erschlossenheit) fondamentale. Mais comme on l’a lu, Richir insiste<br />

essentiellement sur le fait que dans cette ouverture « à l’origine », le Dasein est « ekstasié<br />

» à ses « possibilités ontologiques-existentiales » ; manière de dire que le Dasein<br />

ne s’ouvre pas à des possibilités qui seraient déjà déterminées selon un plan préétabli<br />

qu’il ne faudrait plus que « réaliser » dans l’existence concrète, et où en quelque sorte<br />

tout serait déjà joué (il s’agirait alors de possibilités ontiques-existentielles), mais que<br />

l’ouverture procède d’un projet par et en lequel se détermine et s’accueille le réel – dans<br />

le même mouvement, tout aussi bien moi-même que le monde 58 . Et l’on comprend par là<br />

l’entreprise de Sein und Zeit : pour élucider la « question du sens de l’être », il faut<br />

d’abord procéder à une analyse de l’homme, et plus particulièrement du Dasein quant à<br />

ses structures relatives à la détermination de l’être (tout aussi bien être de l’homme que<br />

être du monde), ce que Heidegger appelle « structures existentiales » ou existentiaux ;<br />

c’est bien entendu le but poursuivi par l’ « Analytique fondamentale préparatoire du<br />

Dasein ». L’homme y est véritablement conçu comme Da-sein, parce qu’il est cet<br />

existant compris comme le lieu ou le là (Da) de l’être (Sein), comme l’étant « pour<br />

lequel il va de l’être dans son être » et sur lequel il s’agit de lire les différents sens de<br />

l’être. Il faut noter également que dans ce contexte, un des gestes profondément<br />

58 C’est parce que la détermination de l’homme et du monde procède de la même ouverture fondamentale<br />

que Richir a rapproché l’entreprise heideggerienne du renversement critique kantien dans Au-delà du<br />

renversement copernicien.<br />

<strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com 245

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