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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

place et le transporter en un autre lieu, ne demandait rien qu’un point qui fût fixe et<br />

assuré. Ainsi j’aurai droit de concevoir de hautes espérances, si je suis assez heureux<br />

pour trouver seulement une chose qui soit certaine et indubitable” […]. Pascal : “Ceux<br />

qui sont dans le dérèglement disent à ceux qui sont dans l’ordre que ce sont eux qui<br />

s’éloignent de la nature, et ils la croient suivre ; comme ceux qui sont dans un vaisseau<br />

croient que ceux qui sont au bord fuient. Le langage est pareil de tous côtés. Il faut avoir<br />

un point fixe pour en juger. Le port juge ceux qui sont dans le vaisseau ; mais où<br />

prendrons-nous un port dans la morale ? ”. Ici, l’espoir est de trouver le lieu de notre<br />

destin, et le repos de nos désordres. Leibniz : “Ces vérités éternelles sont le point fixe et<br />

immuable, sur lequel tout roule” » 117 .<br />

La pensée classique privilégie donc le centre sur la circonférence. Qu’obtient-on<br />

dès lors ? Une sphère infinie de rayon infini, dont la périphérie est située à l’infini par<br />

rapport au centre : « comme le rayon est infini, le centre est non seulement au centre<br />

mais aussi sur la périphérie, c’est-à-dire que la périphérie est aussi bien le lieu<br />

géométrique de tout centre possible de la sphère, ce qui abolit la possibilité de<br />

privilégier un point quelconque de l’espace en le considérant comme centre, mais fait en<br />

même temps de tout point de l’espace un centre possible » (Ibid.) ; on l’aura compris,<br />

l’espace classique se définit donc par la formule de la sphère infinie dont le centre est<br />

partout et la périphérie nulle part : c’est un espace centré et isotrope qui est en fait, de<br />

par la répétition infinie du centre en chaque lieu de l’espace, un ensemble homogène et<br />

continu de points. « Dans un tel espace, les choses finies sont caractérisées par le fait<br />

que leur surface (leur périphérie) ne coïncide pas avec leur centre. Elles sont figures<br />

douées de profondeur dans la mesure où la distance entre leur surface et leur centre est<br />

finie. Par là même, elles occupent un lieu, c’est-à-dire enveloppent une portion finie<br />

d’espace, que leur surface dérobe à un regard qui opère de l’extérieur, depuis un point<br />

situé au dehors et à distance infinie. Il n’y a donc de choses finies et visibles qu’en tant<br />

qu’elles sont formes centrées enveloppant un dedans qu’elles dérobent au dehors. Mais<br />

en tant que cet espace est isotrope et qu’aucune direction n’y est privilégiée, il n’a pas<br />

de profondeur en soi, sinon sous la forme géométrique et abstraite d’une dimension<br />

calculable et idéale, à savoir la distance de la surface au centre » (Ibid.). Dans un tel<br />

117 M. Serres, Le système de Leibniz et ses modèles mathématiques, P.U.F., coll. “Epiméthée”, Paris, 1982<br />

(2éme éd.), pp. 659-660.<br />

<strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com 319

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