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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

ouvre le Dasein à la révélation, dans l’angoisse, de son inquiétante étrangeté, au fait<br />

qu’en un sens très profond, tant le monde que lui-même lui paraissent étranges, voire<br />

étrangers, en réalité inhabités et inhabitables » (SP, 375).<br />

On comprend dès lors ce que Richir entend par « servitude volontaire du<br />

Dasein ». Dans le cadre de cette logique de la dette, le soi factice qui se découvre dans<br />

l’être-jeté, n’a d’autre voie pour accéder à la liberté et à l’authenticité que le « service<br />

volontaire et infini de sa possibilité d’existence la plus propre » (SP, 377). Ce « service<br />

volontaire » est donc la seule réponse possible à la juste compréhension de l’appel de la<br />

conscience – juste compréhension que Heidegger pense comme « vouloir-avoirconscience<br />

» au plan existentiel et la résolution (Entschlossenheit) comme son<br />

répondant au plan existential – réponse au plan existentiel que Heidegger appellera « la<br />

résolution devançante » (die vorlaufende Entschlossenheit) où la résolution comme<br />

existential trouve son contenu concret et existentiel. C’est pourquoi, comme le note<br />

Richir (Cf. ibid.), la liberté du Dasein est somme toute fort étrange, puisqu’elle ne<br />

consiste qu’à pouvoir faire le choix ... de la servitude, et même, eu égard à<br />

l’immanentisation du Dasein sous l’horizon de l’être-pour-la-mort, le choix de<br />

l’esclavage infini et solitaire. Et il est remarquable (Cf. SP, 384) que Heidegger n’ait<br />

pas vu le risque d’automatisme qu’il y a dans ce service infini de la dette, cela même<br />

peut-être qu’il appellera lui-même, mais ultérieurement, le Gestell 66 . Tout tient<br />

finalement, conclut Richir, en ce qu’il y a, dans ce mouvement de pensée, ce que la<br />

psychanalyse appellerait de « l’imaginaire » : « la dette, pourrait-on dire, est au service<br />

incessant, et il est vrai effrayant, du Moi tout-puissant (étranger à la castration) de<br />

l’enfance, et Heidegger n’a pas vu que ce service, le plus souvent, prend le visage de la<br />

névrose (ou de la perversion), où le désir est le désir de ce maître. [...] Et il n’a pas vu<br />

non plus, a fortiori, que cet automatisme de répétition, où le tout se remet chaque fois<br />

en jeu, c’est-à-dire aussi la mort, est la véritable “logique” ou le véritable système de la<br />

dette. En termes moins provocants, on retrouve ici, dans ce “fantasme” et son<br />

expression dans “l’imaginaire”, le “fantasme” même de la “métaphysique” comme celui<br />

de l’être total qu’il s’agirait de rejoindre en transparence » (SP, 385).<br />

66 Richir se réappropriera cette difficile mais féconde notion dont Heidegger usera dans sa méditation sur<br />

la technique. Cf. notre deuxième section.<br />

252 <strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com

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