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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

Merleau-Ponty va encore plus loin, lorsqu’il affirme que les existentiaux, c’est-à-dire<br />

aussi les Wesen sauvages, sont de l’ordre de l’inconscient. Richir traite de cette question<br />

dans Phénomène, temps et êtres, ainsi que dans l’article intitulé Merleau-Ponty : un tout<br />

nouveau rapport à la psychanalyse (1989). En effet, Merleau-Ponty répète à plusieurs<br />

endroits que l’existential est inconscient, ou même, est l’inconscient : « Qu’est-ce que<br />

l’inconscient ? Ce qui fonctionne comme pivot, existential, et en ce sens, n’est pas<br />

perçu. Car on ne perçoit que figures sur niveaux – Et on ne les perçoit que par rapport<br />

au niveau, qui donc est imperçu. – La perception du niveau : toujours entre les objets, il<br />

est ce autour de quoi … » (VI, 243). La question se pose alors de savoir quel est le<br />

rapport de ce type d’inconscient avec l’inconscient mis à jour par la psychanalyse (de<br />

type freudien ou lacanien). Richir tente d’élucider cette question en examinant de plus<br />

près une « note de travail » que Merleau-Ponty écrivait à propos du texte que Freud<br />

publiait en 1915 sur celui que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de « l’homme aux<br />

loups » 87 (Cf. VI, 293-294). On connaît l’histoire sur laquelle travaille Freud : tentant de<br />

comprendre le souvenir écran d’un papillon à raies jaunes au contact duquel il tombait<br />

systématiquement dans un état de panique, le patient en vient à associer cette image du<br />

papillon avec les poires à raies jaunes, ce qui en russe se dit Groucha, alors même que<br />

Groucha est le nom d’une bonne qui l’avait fort marqué. Or, écrit Merleau-Ponty, il n’y<br />

a pas là trois souvenirs (le papillon, la poire et la bonne) associés : il y a un seul Wesen<br />

dont les différentes incarnations dans le langage sont autant de variations. Ainsi, « tout<br />

le prix de l’“association libre” de la psychanalyse est le passage ou le glissement,<br />

littéralement fantastique, à même un seul phénomène apparemment individué (mais<br />

différemment modulé dans le souvenir-écran : la poire ou la bonne), selon des Wesen<br />

qui jouent comme des dimensions, des horizons, où le sujet est toujours pris dans le<br />

même rapport à ses origines, dans le même caractère d’être de son être (de son être-là,<br />

de son être-dans-le-monde) » (PTE, 99). C’est dire donc, un peu au-delà de Merleau-<br />

Ponty, que la psychanalyse consiste finalement à susciter une véritable variation<br />

eidétique des essences charnelles qui porte alors le nom d’ « association libre » (Cf.<br />

PTE, 100). C’est dire aussi qu’il y a une véritable dimension phénoménologique de<br />

l’inconscient – comme Richir devra aussi le trouver chez Heidegger et Husserl – :<br />

87 Cf. L’homme aux loups par ses psychanalystes et par lui-même, Textes réunis et présentés par M.<br />

Gardiner, Coll. « Connaissance de l’inconscient », Gallimard, Paris, 1981. Le texte de Freud se trouve<br />

aux pp. 172-267.<br />

<strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com 277

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