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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

brute, qui sont les ventres et les nœuds de la même vibration ontologique » (VI, 154-<br />

155) (textes cités par Richir in PTE, 73).<br />

C’est ici que nous entrons dans l’interprétation de Richir. Manifestement,<br />

l’essence telle qu’elle est portée dans le langage opérant (l’eidos husserlien) n’est que le<br />

fruit d’une abstraction, et en ce sens, il n’y a pas, chez Merleau-Ponty, de<br />

Wesenschaung. Or Merleau-Ponty écrit en mille et une allusions que nous avons tenté<br />

de rendre par les quelques citations ci-dessus, que ces essences (abstraites) sont<br />

« prélevées » sur un « être brut et sauvage ». Toute la question est donc de comprendre<br />

le statut de ces essences (Wesen) à l’état sauvage et de comprendre le rapport qu’elles<br />

entretiennent avec les essences classiques. D’après l’interprétation de Richir, il faut<br />

distinguer ici trois niveaux. Tout d’abord celui des essences classiques ; ensuite celui<br />

des essences ou Wesen sauvages ; enfin, le niveau de la chair. Et ces trois niveaux<br />

architectoniques jouent l’un dans l’autre : les essences classiques sont abstraites des<br />

Wesen sauvages, alors que ces dernières sont prélevées sur la chair et peuvent donc être<br />

comprises comme autant de plis dans la chair. Le monde de la chair qui n’est pas un<br />

cosmos (monde ordonné ou organisé), est le lieu d’indistinction (mais pas de<br />

coïncidence), d’entrelacs ou de chiasme, entre mon corps et le monde. C’est le lieu de<br />

ce que Richir nomme « le phénomène comme rien que phénomène » caractérisé par sa<br />

« distorsion originaire ». C’est seulement avec les Wesen sauvages que commence à<br />

advenir un cosmos : « L’essence brute, l’essence à l’état sauvage, est donc ce Wesen<br />

actif ou opérant en lequel un “il y a” se concrétise et se sédimente, en lequel un etwas se<br />

donne comme pivot, comme charnière d’une “générativité naturelle” (cf. VI, 228)<br />

apparentant, comme au sein de la même dimension qu’elle ouvre, tel ou tel aspect de tel<br />

phénomène foncièrement polymorphe – dimension par quoi l’etwas comme pivot paraît<br />

bien incrusté en les horizons (intérieurs et extérieurs) du phénomène et “este” [ester :<br />

terme régulièrement utilisé par Merleau-Ponty pour traduire le terme Wesen pris dans<br />

son sens verbal ; ce néologisme est en fait repris à G. Kahn, traducteur de Heidegger]<br />

comme “rayonnement” (VI, 313-314), comme “autorégulation, cohésion de soi à soi,<br />

identité en profondeur (identité dynamique), transcendantale comme être à distance”<br />

(VI, 262), “dimensionnalité” (VI, 301) » (PTE, 86). « Eléments », « dimensions »,<br />

« pivots », « horizons », « charnières », « rayons de monde » : telles seront les<br />

différentes expressions utilisées par Merleau-Ponty pour désigner ces Wesen.<br />

<strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com 275

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