10.06.2014 Views

Descargar número completo (3,33 MB) - Eikasia

Descargar número completo (3,33 MB) - Eikasia

Descargar número completo (3,33 MB) - Eikasia

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

que consisterait pour nous, mutatis mutandis, une société sans pouvoir et sans autorité,<br />

le plus souvent synonyme de l’horreur ou de l’anarchie. Si donc la pensée mythique, au<br />

fil de son intrigue, justifie toujours la société, et est donc pensée politique, elle ne<br />

justifie jamais une autorité sur la société.<br />

2) Les récits de fondations. Entre la pensée mythique et la pensée mythologique à<br />

proprement parlé, il y a plusieurs étapes transitoires qui constituent comme différents<br />

degrés dans le processus de mythologisation. Le premier pas vers la mythologie est<br />

constitué par les récits de fondations, qui sont toujours fondations de royauté :<br />

« conglomérat situé déjà à l’écart de l’univers des mythes, et cela depuis le temps<br />

immémorial où il y eut des rois (ce qui est le cas des premiers Grecs), et encore à<br />

distance. La caractéristique fondamentale de ce type de récit est de reprendre le<br />

matériau (les intrigues les personnages, etc.) à la pensée mythique, mais pour en<br />

changer radicalement le sens ; c’est pourquoi Richir appelle aussi ces récits : récits<br />

mythico-mythologiques. Par rapport aux mythes, le sens est radicalement changé, car il<br />

s’agit ici de fonder la légitimité du roi qu’il est censé détenir de la puissance symbolique<br />

des dieux; et dans la mesure où ces récits tiennent un projet de fondation du pouvoir<br />

politique, et que cette fondation est corrélative d’une dimension religieuse, les récits<br />

mythico-mythologiques sont bien théologico-politiques.<br />

« Avant toute chose, il faut bien être conscient de ce que, en dehors des<br />

documents archéologiques, nous ne disposons par d’autres éléments que ces récits pour<br />

comprendre la réalité socio-politique sous-jacente à leur élaboration. Ils nous permettent<br />

tout au moins de deviner l’extrême complexité du jeu politique auquel devait s’adonner<br />

le roi pour assurer son pouvoir. Ce que nous nommons “réalité” et qui ne prendra,<br />

comme tel, de consistance qu’à l’époque historique, et en particulier avec l’émergence<br />

de la démocratie grecque et de la philosophie, était, à l’époque proto-historique de ces<br />

royautés archaïques, immédiatement recodé en termes mythico-mythologiques, d’où<br />

leur caractérisation globale par le terme équivoque de “magico-religieux”. Ce jeu<br />

politique devait à la fois se concilier, par la sage justice, les groupes humains (genoi)<br />

constitutifs de la cité et les puissances divines (par exemple Poséidon, Héra, Athéna,<br />

Dionysos) qui étaient censées administrer l’ordre du monde. » (ND, 59) La conception<br />

340 <strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!