10.06.2014 Views

Descargar número completo (3,33 MB) - Eikasia

Descargar número completo (3,33 MB) - Eikasia

Descargar número completo (3,33 MB) - Eikasia

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

ce que Richir appelle un « infini symbolique » (DHM, 119), et c’est cela qui constitue la<br />

nouveauté radicale et profondément moderne de Descartes par rapport à l’argument de<br />

St Anselme : « L’Idée par laquelle je conçois un Dieu souverain, éternel, infini,<br />

immuable, tout connaissant, tout-puissant, et créateur universel de toutes les choses qui<br />

sont hors de lui : celle-là, dis-je a certainement en soi plus de réalité objective qui celles<br />

par qui les substances finies me sont représentées » ; et ce Dieu ne peut être trompeur<br />

« puisque la lumière naturelle nous enseigne que la tromperie dépend nécessairement de<br />

quelque défaut » (MM, 79). Et Richir de commenter : « Dieu m’accueille donc en ma<br />

facticité en tant que porteur en lui-même, dans et par la structure de l’argument<br />

ontologique, de l’excès même de la tautologie symbolique entre teneur de sens de<br />

pensée et teneur de sens d’être. Les deux teneurs de sens ne s’identifient<br />

symboliquement en Dieu que par l’excès même qui rend leur identité inconcevable :<br />

telle est sans doute, pour toujours, l’énigme de l’argument ontologique, et tout à la fois<br />

de sa nature tautologique qui, si elle est prise d’un point de vue strictement logique,<br />

n’est rien d’autre, Kant l’a montré sans retour possible, qu’une faute ou une illusion<br />

transcendantale » (MP, 83). Ainsi, si je peux être certain que ce que je pense, lorsque je<br />

pense vraiment, est vraiment, c’est que les étants (ce qui est) et les Idées (ce qui est<br />

pensé) trouvent leur identité et leur correspondance en Dieu, alors que l’Idée même de<br />

Dieu m’excède et m’est donc inconcevable. Que faut-il retenir de tout ceci ? Déjà que<br />

« le cogito ne peut assurer de quoi que ce soit de certain ou d’absolu quant aux<br />

“contenus” des “vécus” (de la pensée) » (MP, 84). Également, que le « Je », à la pointe<br />

du cogito, n’est pas une substance : « la subjectivité, tout au moins transcendantale, n’a<br />

pas d’essence, elle n’est plus une “région” du monde – ou une “lisière” du monde –,<br />

mais ce lieu énigmatique d’articulation entre aperception de soi dans le cogito et<br />

aperception de monde […] » (MP, 85). Mais aussi, que l’accès à la vérité, tout aussi<br />

bien vérité de mon Moi – le savoir vrai de qui je suis – que du monde ne se soutient que<br />

d’un argument tautologique, l’argument ontologique, par lequel s’«atteste » la vérité de<br />

l’être et de la pensée.<br />

Mais il y a plus. Il s’agit de comprendre ce qui, en profondeur, est en jeu de ce<br />

mouvement de pensée qui cependant nous apparaît désormais comme allant de soi. Il<br />

va, dans le cogito, du problème de l’origine (le rapport entre constituant et constitué,<br />

entre fondement et fondé) qui se donne comme étant, voire comme l’être même, et de<br />

304 <strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!