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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

mêmes les passions (pathè) humaines (Cf. ND, 137). Et dans le même mouvement,<br />

Richir après d’autres en formule l’hypothèse, s’est peut-être ouvert un champ politique<br />

autonome, ce que l’on appelle aujourd’hui encore démocratie.<br />

***<br />

Après ce parcours de l’évolution des pensées en concrétions dans le cadre de la<br />

pensée grecque, parcours forcément bref et succinct dans le cadre de ce chapitre, nous<br />

en revenons à la question de laquelle nous étions parti : qu’en est-il du rapport ou du<br />

passage entre le langage (phénoménologique) et la langue (instituée) dans le cadre des<br />

pensées mythiques et mythologiques ? Sans entrer dans le détails des longues analyses<br />

proposées par Richir dans L’expérience du penser, on peut déjà donner quelques<br />

éléments de réponse. On l’a dit, Richir susbsume les pensées mythiques et<br />

mythologiques sous le terme de « pensée en concrétion ». Mais qu’est-ce qu’une pensée<br />

en concrétion ? Dans son ouvrage intitulé Langage et mythe 131 , Ernst Cassirer s’étonnait<br />

que le mythe joue sur la polysémie des mots pour dire le sens de son intrigue ; c’est là<br />

en fait un caractère propre des pensées en concrétion. Evidemment, cette sorte de<br />

« cratylisme » (EP, 53) qu’il y a dans le fait d’assimiler en une seule Sache les deux<br />

sens d’un même nom ou d’un même mot, nous paraît franchement arbitraire et tributaire<br />

de la contingence de telle ou telle langue. C’est que en fait, tant la langue mythique que<br />

la langue mythologique « fonctionnent », non pas avec des « identités de pensée »<br />

(comme en philosophie), mais avec des concrétudes (Cf. EP, 54) : « états du monde, des<br />

êtres et des choses, êtres et choses eux-mêmes s’y mêlent inextricablement au fil d’un<br />

récit, ou plutôt de récits, sans qu’entre eux soient délimitées des différences de statuts,<br />

et c’est d’ailleurs ce qui nous les rend si étranges, voire si étrangers. Plutôt donc que de<br />

parler d’“états” du “monde”, des “êtres” et des “choses”, voire même des “êtres” et des<br />

“choses” eux-mêmes, tous concepts qui nous viennent de la philosophie, il vaut mieux<br />

parler de “concrétudes” qui, en tant qu’elles sont pensées et pensables, mais aussi en<br />

tant qu’elles ne s’identifient pas purement aux signes de la langue, “disent” ce que nous<br />

nommons des concrétudes ou des “êtres” (Wesen) de langage qui ne sont pas des étants<br />

– mis en jeu et en mouvement dans les temporalisations/spatialisations des sens en<br />

131 E. Cassirer, Langage et mythe, à propos du nom des dieux, tr. fr. par O Hansen-Love, Ed. de Minuit,<br />

coll. “Le sens commun”, Paris, 1973, pp. 12-13. Ouvrage évoqué par Richir dans EP, 53.<br />

<strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com 345

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