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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

la prospérité publique » (ND, 105-106). Nous nous arrêterons ici à la seule fondation du<br />

savoir philosophique 122 .<br />

Comme Richir s’en est expliqué en diverses occurrences dans son œuvre, la<br />

métaphysique platonicienne est en fait institution de l’identité ; et cette institution prend<br />

chez Platon la forme d’un double caractère : d’une part, la croyance en une « réalité »<br />

(ousia), « ce qui est vraiment », de droit indépendante de la langue, c’est-à-dire en fait,<br />

identique à soi ; ce qui implique, d’autre part, puisqu’il n’y a d’autre accès à la réalité<br />

que la langue elle-même, que la philosophie institue dans le même mouvement sa<br />

langue par division de la langue par rapport à elle-même en langue commune et en<br />

langue philosophique, cette dernière censée être identique quant au sens à la réalité (Cf.<br />

EP, 58) ; ou encore, « la foi symbolique de la philosophie réside dans la croyance que<br />

penser vraiment, c’est penser l’être (identité) tel qu’il est en dehors de la pensée, et que<br />

l’être vrai, tel qu’il est hors de la pensée, n’est accessible qu’à une pensée “vraie”, c’està-dire<br />

une pensée identique de l’identique » (MP, 272-273) ; croyance, donc, en la<br />

distinction principielle entre le langage et la langue, et, dans le même mouvement, à la<br />

transparence de l’une à l’autre : la philosophie s’institue au lieu de la tautologie entre<br />

être et penser. Reprenons ce mouvement tel qu’il s’articule plus concrètement dans<br />

l’œuvre de Platon. Comme on le sait, pour Platon, « ce qui est vraiment » ne réside pas<br />

dans le monde commun, entaché d’illusion, mais dans les idées ; il s’en suit que l’idée,<br />

comme foyer donateur de sens, doit être accessible à un langage, le langage<br />

philosophique ou idéal, dont le caractère principal est d’être apophansis, transparent à<br />

ce qu’il dit, c’est-à-dire à ce qui est. L’aporie principale de cette fondation est dès lors<br />

celle du rapport entre l’idéal et le commun, entre le langage philosophique et le langage<br />

commun d’une part, entre les idées et les apparences d’autres part, au fil de ce que<br />

Platon pense comme le problème de la « participation ». Le problème est en effet que<br />

comme Platon le découvre dans Le Sophiste, s’il y a du non-être au sein même de « ce<br />

qui est vraiment », ce non-être permettant de penser l’identité et l’altérité mutuelle des<br />

idées (leur « valeur diacritique »), on ne voit plus très bien ce qui sépare encore l’idéal<br />

du réel (Cf. CSP, 16 sqq.). Comme le note Richir, « ce double ajustement réciproque ne<br />

122 Richir s’est aussi arrêté à l’œuvre politique de Platon ; essentiellement dans deux textes : un chapitre<br />

de La naissance des dieux : “Platon et la question de la tyrannie” (pp. 105- 130) et dans Affectivité<br />

sauvage, affectivité humaine : animalité et tyrannie (1996).<br />

<strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com <strong>33</strong>1

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