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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

Chapitre 2.<br />

La lecture de Heidegger<br />

§ 1. Richir, Heidegger et l’heideggerianisme<br />

Il n’est certes pas chose aisée que de cerner le rapport que Richir a entretenu tout<br />

au long de sa carrière avec la pensée heideggerienne. Heidegger est pourtant un auteur<br />

qu’il lut avec une assiduité peu commune – dans « une pratique quasi quotidienne de<br />

l’œuvre [scil. de Heidegger] pendant de longues années » (D’un ton mégalomaniaque<br />

adopté en philosophie, 1988, p. 84) a-t-il d’ailleurs confessé une fois – et qui eut sur lui<br />

une influence certaine. La difficulté tient en fait en ce que si les premiers lecteurs de<br />

Richir pouvaient déjà se rendre compte de la présence quasi constante de Heidegger<br />

dans sa pensée, ils pouvaient de la même manière déceler un certain recul et une<br />

insistance critique qui, à l’époque, pouvaient paraître pour le moins singuliers !<br />

Rétrospectivement on comprend mieux cette attitude. Ce recul et cette critique vis-à-vis<br />

de Heidegger découlent en fait du combat que Richir a mené tout au long de sa carrière<br />

contre l’heideggerianisme – lequel, rappelons-le, faisait rage alors que Richir « entrait<br />

en philosophie » 50 . Et l’on peut déjà remarquer cette tendance dans ses premiers écrits ;<br />

ainsi, dans son article de 1969 consacré à l’ouvrage de G. Granel sur Le sens du temps<br />

et la perception chez E. Husserl (Cf. Richir, Husserl : une pensée sans mesure), Richir<br />

insiste bien sur le fait que la pensée de l’histoire de l’être mis en place par Heidegger ne<br />

peut servir, en tant que telle, de cadre pour une lecture de Husserl, démarche qui était<br />

celle de Granel ; cela reviendrait à faire violence au texte en lui imposant un cadre de<br />

pré-compréhension étranger. Il faut en revenir au texte lui-même, préconise Richir, en<br />

cela très husserlien. Pourtant, il ne s’agit pas là, loin s’en faut, d’un simple refus de la<br />

pensée heideggerienne. La suite de l’œuvre est là pour nous montrer que Heidegger fut<br />

et reste un interlocuteur constant. Le déplacement introduit par rapport à la démarche<br />

des « heideggeriens » consiste plutôt en ce qu’il ne s’agit plus tant, pour Richir, de lire<br />

50 On peut signaler, pour la petite histoire, que lors d’un colloque sur Patocka et Fink tenu à Prague en<br />

avril 1997, Rudolf Bernet, présidant la séance, se croyait autorisé à présenter Richir comme un lecteur de<br />

Heidegger n’ayant « curieusement » jamais cédé à la tentation de l’heideggerianisme.<br />

<strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com 237

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