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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

celui de l’ipséité. La figure complexe du cogito est en effet celle-ci où, ayant mis en<br />

suspens toute dimension « mondaine », c’est-à-dire aussi, ce qui me paraît être la<br />

consistance de mon moi, apparaît encore un phénomène, une ispéité (chez Descartes :<br />

ma facticité) qui paraît du coup comme l’origine de tout phénomène, c’est-à-dire<br />

comme la facticité. Toute la problématique est donc celle du passage entre le soi comme<br />

phénomène et le phénomène en général (entre la facticité et cette facticité) le premier<br />

étant ici supposé engendrer le second et faire même office de phénoménalité encore<br />

identifiée à l’être. Marquons ces traits d’une pierre blanche, et avant de nous expliquer<br />

sur ce qui y fait problème, remarquons avec Richir que c’est rigoureusement le même<br />

schéma de pensée que l’on retrouve chez Heidegger – et l’on peut comprendre par là en<br />

quoi Richir écrivait sur la quatrième de couverture que sa deuxième Recherche<br />

phénoménologique est une confrontation implicite avec la pensée de Heidegger. En<br />

effet, avec les analyses heideggeriennes du Umwelt et de la quotidienneté avec<br />

lesquelles s’ouvre Sein und Zeit, le Dasein n’est pas renvoyé à son « soi » dans les<br />

profondeurs, mais à un « soi anonyme », coextensif du « on » ; c’est seulement avec la<br />

mise en suspens de cette couche mondaine inauthentique dans l’être-pour-la-mort que<br />

l’analytique est relancée « vraiment » : « l’être-pour-la-mort est bien, du point de vue<br />

architectonique, le “malin génie” heideggerien – avec, peut-être le même argument<br />

ontologique, fort subtilement dissimulé, qui fait passer de la mort comme possibilité de<br />

la pure et simple impossibilité du Dasein à la mort comme possibilité de la possibilité la<br />

plus propre, et en ce sens, irréductiblement mienne, où c’est soi-même, avec son<br />

énigme radicale, que le Dasein doit en quelque sorte accueillir, comme la facticité de<br />

son destin, passé à travers le cercle de feu de la “résolution”. C’est donc soi-même, dans<br />

son abîme, individué par la mort et cette mutation de la pure et simple impossibilité en<br />

possibilité la plus propre, qui est chargé d’accueillir le soi-même factice, toujours déjà<br />

jeté au monde mais en défaut d’être. C’est lui qui joue, dans son irréductible surplomb,<br />

le rôle de Dieu. Et c’est dans cette distance que le soi peut vraiment exister le monde,<br />

c’est-à-dire le constituer en le chargeant de sa concrétude ontologique, s’y retrouver<br />

avec son sens d’être qui est tout à la fois, sous diverses modalités, sens d’être du monde<br />

et des choses du monde, mais sens d’être tenu comme question par la question de la<br />

possibilité la plus propre » (MP, 87-88).<br />

<strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com 305

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