10.06.2014 Views

Descargar número completo (3,33 MB) - Eikasia

Descargar número completo (3,33 MB) - Eikasia

Descargar número completo (3,33 MB) - Eikasia

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

Il nous reste un dernier point à interroger. Comme s’est attaché à le montrer<br />

Richir 67 , cette logique de la dette comme automatisme de répétition trouve son ancrage<br />

dans la conception heideggerienne de la temporalité. Et c’est seulement en ce lieu<br />

spéculatif de l’ontologie fondamentale que l’on peut saisir l’aporie ou l’illusion qui est<br />

en jeu. Comme on le sait, la thèse de Heidegger est que la résolution devançante en tant<br />

qu’exister authentique du Dasein par lequel ce dernier peut se rejoindre soi-même en<br />

transparence dans le tout de ses possibilités sans toutefois maîtriser son existence, n’est<br />

rendue possible que par la temporalisation (Zeitigung) –c’est bien la temporalité qui<br />

constitue le fondement du souci comme structure unitaire d’être du Dasein. Mais le<br />

temps tel que l’envisage Heidegger n’est plus celui, classique, gouverné par une<br />

présence subsistante, comme c’était le cas depuis Aristote jusqu’à Husserl. Heidegger<br />

envisage la temporalité comme un phénomène unitaire constitué de trois ek-stases<br />

temporelles s’articulant de telle sorte que c’est toujours un futur qui rend présent en<br />

ayant été. Et l’on peut déjà noter le privilège qui est accordé au futur dans cette<br />

conception. Le point d’entrée de Richir dans l’analyse de cette conception extrêmement<br />

fine est celui d’une analyse de la temporalisation de la Stimmung dans le cadre d’un<br />

dialogue avec Binswanger. Ainsi que l’explique Heidegger au § 68, la Befindlichkeit<br />

ayant la Stimmung comme répondant existentiel, se temporalise primairement de<br />

l’avoir-été (Gewesenheit). Cela signifie que, dans la Stimmung, la temporalisation, bien<br />

que toujours aussi articulée au présent et au futur, est polarisée par l’horizon du passé.<br />

Mais comme le souligne justement Richir en paraphrasant une expression de Schelling<br />

(Cf. MP, 44), ce passé est un « passé transcendantal », dans la mesure où il ne lui<br />

correspond ni rétention, ni remémoration, ni réminiscence : « l’affectivité s’est toujours<br />

déjà [nous soulignons] temporalisée au passé, et ce que le Dasein en trouve dans le<br />

caractère ontique existentiel de la Stimmung se trouve, précisément, comme toujours<br />

déjà fait, en tant que tel, à esquiver, à oublier ou à prendre en charge dans ce qui devient<br />

dès lors Grundstimmung [...] » (MP, 44). De cette conception, Richir retient<br />

essentiellement une chose : « par le mode de sa temporalisation depuis l’avoir-été,<br />

depuis l’ek-stase du passé, les tonalités [Stimmungen] et, plus fondamentalement<br />

l’affection [Befindlichkeit], tiennent en suspens la temporalisation de l’instant dans la<br />

67<br />

Dans La mélancolie des philosophes, dans Phénoménologie et psychiatrie : d’une division interne à la<br />

Stimmung, ainsi que dans les Méditations phénoménologiques.<br />

<strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com 253

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!