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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

de plus inapparent. Si les apparences [i.e. les phénomènes] ont résisté avec tant de ruses<br />

(apparentes) aux efforts de les réduire de la pensée classique, si la philosophie a été sans<br />

cesse suivie, comme par son ombre, par la sophistique et le scepticisme, c’est bien qu’il<br />

y a toujours […] dans les phénomènes, quelque chose d’irréductible, qui défie les<br />

pouvoirs de la Raison (de l’identification non-contradictoire), ou quelque chose qui<br />

n’est jamais que circulairement réductible, dans l’implosion interne des paradoxes<br />

logiques » (La vérité de l’apparence, 1991, p. 230). Le phénomène est tel qu’il apparaît<br />

toujours sans se réduire à son apparition, gardant une part irréductible d’absence, par<br />

quoi il n’est jamais identifié et déterminé. Peut-on dire, dès lors, que nous sommes ici<br />

au plus près de la théologie négative, puisque les phénomènes restent inexorablement<br />

indéterminés ? Non répond Richir, car il n’y a pas de négativité dans les phénomènes :<br />

« Il y a donc tout un « passage », qu’il faudrait étudier de près, et qui est sans doute un<br />

hiatus, entre ce qui paraît comme l’indéterminité foncière des phénomènes et leur<br />

négativité, qui ne peut prendre de statut que liée à la positivité de la tautologie<br />

symbolique entre être et penser. Hiatus parce qu’il n’y a rien de tauto-logique dans les<br />

phénomènes comme rien que phénomènes, et parce que, d’autre part, la négativité,<br />

comme c’est manifeste chez Platon ou chez Hegel, ne communique avec la négation que<br />

par la détermination en creux, en cette dernière, de l’indéterminité, depuis le “système”<br />

symboliquement institué des déterminités » (Ibid., p. 232). Ainsi, la théologie négative,<br />

bien que se refusant à toute assertion positive sur la divinité, prend néanmoins appui sur<br />

base de déterminations. Or le champ des phénomènes ne contient pas de négativité,<br />

mais de la différence (Cf. PTE, ).<br />

Comment apparaît donc le phénomène ? Il apparaît toujours, depuis le cadre de<br />

penser classique à partir duquel nous le voyons, comme traversé d’illusions, de ruses et<br />

de distorsions : il apparaît toujours comme multiplicité originaire, par ses étranges<br />

pouvoirs de duplicité, d’ubiquité, de multi-localité, qui font son insaisissabilité : on ne<br />

sait jamais très bien quand un menteur ment ou ne ment pas, c’est là toute sa force ! Il<br />

s’agit en tout cas d’une insaisissabilité dans la stase d’une présence, puisque le<br />

phénomène apparaît toujours comme troué ou miné par une dimension d’absence qui<br />

fait son indéterminité même. Mais sous l’indice d’une telle hyperbole, y a-t-il encore<br />

place pour une quelconque pensée ? Est-ce encore le lieu d’une réflexion<br />

philosophique ? Telle est en effet la question qui vient à l’esprit. Richir s’en est lui-<br />

<strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com 297

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