10.06.2014 Views

Descargar número completo (3,33 MB) - Eikasia

Descargar número completo (3,33 MB) - Eikasia

Descargar número completo (3,33 MB) - Eikasia

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

commente : « Monde plongé dans la monotonie de sa diversité, où il est caractéristique<br />

que Husserl va chercher, dans le présent jaillissant sans cesse dans son écoulement, les<br />

racine de l’égoïté, c’est-à-dire ici l’ipséité – l’ipse n’étant rien d’autre, finalement,<br />

conformément à toute la tradition, que l’abîme de cet acte pur de jaillir qui fait le<br />

présent pur sans latéralité, l’élément nouveau, proprement husserlien, étant que ce<br />

jaillissement pur emporte dans son courant, tel un fleuve en crue, toutes les apparences<br />

du monde, et que, source ultime du sens, il fasse de cette débâcle du monde une sorte de<br />

proto-sens de proto-monde » (Ibid.). Il s’agit dès lors de comprendre comment ce<br />

phénomène – le « corps de chair interne », la sphère primordiale, le phénomène du<br />

« monde dans sa débâcle » – en vient à s’extérioriser, à s’exprimer ; et inversement,<br />

comment du sens spécifique de monde (ou d’autrui) peut y être reçu. Tout tient, écrit<br />

Husserl 107 , en ce qu’il y a, entre l’Innenleib et l’Aussenleib, un rapport de Verflechtung<br />

– de « chiasme » eût dit Merleau-Ponty. Il s’agit d’abord de comprendre, selon Richir,<br />

qu’il ne peut y avoir de sens donnable ou recevable que s’il y a mise à distance de celuici<br />

par rapport à la crue. Je ne puis recevoir le sens spécifique d’autrui que s’il est<br />

médiatisé par son Aussenleib, sans quoi je serais littéralement absorbé par cette autre<br />

crue, celle de cet autre Innenleib, là devant moi. Le sens d’autrui n’est jamais qu’aperçu<br />

au lieu précis où jouent la Verflechtung entre l’Innenleib et l’Aussenleib, là où le Moi se<br />

donne, mais dans une certaine absence. Et pareillement, je ne puis faire sens pour autrui<br />

que si ce sens est médiatisé par mon Aussenleib, de sorte que l’autre puisse<br />

m’apercevoir au lieu du chiasme entre mes « corporéités-de- chair » interne et externe.<br />

Comme l’écrit Richir, « dans la rencontre ou l’expérience de l’autre, c’est donc la<br />

Verflechtung du dedans et du dehors qui, pour ainsi dire, se rencontre elle-même, c’est<br />

ce chiasme qui entre en chiasme avec lui-même pour constituer, précisément, le sensde-langage<br />

comme tel – un sens qui renvoie à une intériorité comme extériorité, sens<br />

qui est celui d’un “en-soi” (on ne peut s’empêcher de penser au nouménal kantien), tant<br />

celui de l’autre en son ipséité que celui de moi-même en mon ipséité, et par lequel les<br />

choses elles-mêmes, comme “en-soi” extérieurs, indépendants de la perception actuelle<br />

que j’en ai, commencent à exister […] » (Ibid., 158).<br />

107 Dans l’Appendice XLII, afférent au texte principal.<br />

292 <strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!