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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

rythmique du ou dans le temps, puisqu’elle est supposée enjamber des éléments<br />

hétérogènes des phases de présence – et on verra que Richir trouvera dans cette<br />

rythmique ce qu’il appelle le schématisme transcendantal de la phénoménalisation.<br />

Mais il faut surtout retenir de tout ceci que c’est bien la temporalité comme<br />

phénoménalité des phénomènes qui est remise en cause. C’est dans des textes tels que<br />

ceux qu’étudie Richir dans son article que l’on peut mesurer combien Husserl a pu<br />

osciller entre deux conceptions du temps : « Tels sont, peut-on dire, les pôles<br />

d’oscillation de la pensée husserlienne qui l’ont véritablement obnubilée : d’une part<br />

l’imminence d’une importante découverte phénoménologique qui eût conduit Husserl,<br />

ainsi qu’il le pressentait, à abandonner sa doctrine du temps intime, et à envisager la<br />

spatialisation dans la temporalisation, c’est-à-dire la spatialisation/temporalisation<br />

comme rythmique […] ; et d’autre part une véritable métaphysique du temps interne<br />

dont il n’a jamais voulu se détacher » (SPT, 29). D’une part, donc, cette conception du<br />

temps fort bien connue depuis les Leçons de 1905 et dont Husserl mesure lui-même les<br />

apories en étudiant la problématique de la synthèse passive ; et d’autre part, cette<br />

nouvelle conception de la temporalisation vers laquelle pointe Husserl dans certains<br />

textes. A suivre comme Richir Husserl dans cette dernière voie, on s’aperçoit que ce<br />

n’est rien moins qu’une nouvelle conception de la « phase de présence » qui est alors<br />

requise : la phase de présence doit pouvoir s’élargir à un poème entier ou à une<br />

symphonie entière (Cf. ibid., 30-32) ; car comme tout qui en fait l’expérience en<br />

écoutant une mélodie, cette dernière est d’une certaine manière « présente » tout entière<br />

dans chacun de ses moments : comme l’écrit Husserl lui-même (APS, 421 ; tr. fr., 408),<br />

alors que je chante la fin d’un Lied, le morceau se trouve tout entier devant moi, sans<br />

que cette présence soit de l’ordre de la rétention ni du resouvenir (Wiederinnerung),<br />

mais d’une dimension spatialisante en revers de la phase de présence (au sens de<br />

Husserl) propre à la synthèse passive.<br />

Telle est donc la conclusion à laquelle arrive Richir : « le temps n’est pas<br />

ultimement, ce qui, tout d’abord et le plus souvent inapparent, est constitutif de la<br />

phénoménalité des phénomènes, ni même, peut-être, à un second degré, de l’étantité de<br />

ce qui est. » (Ibid., 34) Mais si comme Richir l’a montré, il y a, chez Husserl – comme<br />

chez Heidegger du reste – une propension à l’incapacité à penser la spatialisation<br />

286 <strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com

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