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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

qui est tout le travail de la pensée dans la connaissance»; donc «l’objet connu est<br />

toujours eo ipso reconnu, et [il] ne se confond pas avec l’objet pour ainsi dire brut - par<br />

exemple celui de la perception - dont n’est pris en compte, dans la connaissance, que<br />

cela même qui est susceptible de remplir, moyennant une intuition déjà dirigée,<br />

l’intention de signification» (Ibid.). Richir explique ici que dans la perspective<br />

husserlienne, ce n’est jamais l’objet dans sa dimension intrinsèque d’être - dans sa<br />

quiddité ontologique -, dans ce qu’il aurait de méta-logique, qui est intuitionné; c’est<br />

certes « l’objet lui-même », tel que l’écrit Husserl, mais en ce qu’il est dans son sens<br />

identifié au sens visé. De la sorte, on comprend la nature de cette adéquation entre<br />

l’objet visé et l’objet intuitionné ; il s’agit d’une adéquation mutuelle en ce qu’il y a,<br />

par principe, identité entre les deux teneurs de sens : «il y a donc identité de sens entre<br />

le sens remplissant de ce qui est pensé (des Gedachtes) dans la pensée (Gedanken) (ce<br />

qui est visé comme sens dans l’intention de signification), et le sens remplissant de ce<br />

qui paraît, comme être, à même l’objet (l’étant)» (CSP, 168). On constate donc ici<br />

encore, que la situation est celle d’une circularité apparemment irréductible.<br />

La situation devient plus éloquente et plus aiguë encore lorsque l’on considère le<br />

§124 des Ideen I 32 , texte tout à fait crucial sur lequel Richir revient régulièrement et où<br />

se rejoue la même problématique, mais dans un contexte élargi sur lequel nous<br />

reviendrons. Husserl y écrit dans un texte dense et subtil que l’expression (identifiée ici<br />

à la signification) « est une forme remarquable qui s’adapte à chaque “sens” (au<br />

“noyau” noématique) et le fait accéder au règne du conceptuel et ainsi du “général”» <strong>33</strong> .<br />

Et un peu plus loin, il s’explique sur cette “adaptation” dans un texte que nous citerons<br />

in extenso, tant Richir y revient régulièrement :<br />

«Du point de vue noétique 34 , le terme “exprimer” doit désigner une couche<br />

particulière d’actes : tous les autres actes doivent s’y adapter, chacun à leur<br />

manière, et se fondre avec elle de façon remarquable : ainsi le sens noématique de<br />

32 Husserl, Ideen zu einer reinen Phänomenologie und phänomenologischen Philosophie (Niemer, Halle,<br />

3. Auflage, 1928); tr. fr. par Paul Ricoeur, Gallimard, Paris, 1950. Nous citons en inscrivant Ideen I suivi<br />

du numéro de page dans l’édition allemande.<br />

<strong>33</strong> Ideen I, p. 257. Rappelons qu’en 1913, Husserl utilise les termes « noétique » et « noématique » pour<br />

désigner, respectivement, les pôles subjectif et objectif de la connaissance.<br />

34 Il faut noter que dans La crise du sens et la phénoménologie, lorsque Richir cite ce même texte (p.<br />

170), il écrit « noématique », au lieu de « noétique » en cet endroit du texte. Cette erreur, provenant à n’en<br />

pas douter de l’imprimeur, a la fâcheuse conséquence de rendre ce texte ainsi que son commentaire<br />

incompréhensible.<br />

228 <strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com

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