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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

espace, la profondeur n’est qu’un fait constaté, et dans la mesure où ce fait fait sens<br />

pour nous, on peut dire qu’elle relève de la facticité. Une telle conception de l’espace a<br />

dominé la culture philosophique pendant des siècles, et on la retrouve chez Husserl,<br />

dans sa conception de la « perception par esquisses » qui implique encore une telle<br />

cosmologie ; c’est ce dont s’explique Richir dans le chapitre premier de Au-delà du<br />

renversement copernicien, et c’est ce qui peut aussi montrer en retour que cette<br />

cosmologie classique implique une suprématie du temps sur l’espace : le cosmos, c’està-dire<br />

l’organisation de l’espace et du temps, est essentiellement une métaphysique du<br />

temps, dont l’espace découlerait de manière secondaire.<br />

Si maintenant l’on considère la sphère infinie depuis sa périphérie, on obtient<br />

l’espace phénoménologique, celui-là même que tente de figurer Dubuffet, et qui<br />

constitue la topique transcendantale de l’apparence. Richir s’explique sur ce « cosmos »<br />

en un paragraphe d’une grande clarté : « […] la sphère devient une sphère de périphérie<br />

infinie dont le centre est situé à l’infini par rapport à la périphérie. Et comme la<br />

périphérie est infinie, le centre est situé sur elle, c’est-à-dire que la périphérie passe par<br />

le centre. Si bien qu’à proprement parler, il n’y a pas là de centre, mais seulement une<br />

périphérie, et qu’on a donc affaire à un “espace » exclusivement périphérique, pouvant<br />

être défini sans référence à aucun point » (Ibid., 234) ; on le comprend déjà, cet espace<br />

est l’antithèse de l’espace classique, mais toute la question reste de savoir si un tel<br />

cosmos est encore « praticable » ; les points de repères y étant absents, peut-on y<br />

cheminer autrement que dans l’errance ? Et qu’est-ce que précisément « errer » ? « Un<br />

tel espace est nécessairement sans dedans ni dehors puisque le dedans, d’une part, y<br />

serait fonction d’un centre situé lui-même sur la périphérie, et que le dehors, d’autre<br />

part, n’y aurait de sens que si la périphérie était finie. Toute “portion” de cet espace est<br />

donc “portion” de la périphérie, et, n’ayant ni dedans ni dehors, elle n’a pas non plus ni<br />

avant ni arrière, ni gauche ni droite En outre, de par sa nature périphérique, cet “espace”<br />

est indéfiniment trajet périphérique, mouvement d’errer sans commencement ni fin<br />

(puisque l’espace ne comporte ni point ni centre à proprement parler), nappe houleuse<br />

an-archique et non finalisée, donc insituable en termes de “dimensions”, ni plane ni<br />

courbe, indéfiniment bosselée et ondoyante, se détournant sans cesse d’elle-même, de<br />

toute forme et de tout centre, ne faisant que s’épancher elle-même à l’infini » (Ibid.).<br />

C’est encore ce « cosmos » que décrira Richir dans sa thèse de 1973, alors qu’il décrit<br />

320 <strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com

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