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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

ravissement. Car là, à nouveau, dans le jeu ensemble du grand et du petit, la terre, le<br />

paysage prend chair, la végétation est comme de la pilosité, et l’espace hésite, ne<br />

surgissant comme l’espace lui-même que parce qu’il est en train de se faire » (Ibid.). Le<br />

terme-clef de ces deux beaux textes est la désorientation : je puis faire l’expérience de<br />

l’espace phénoménologique dans mon quotidien quand mes repères en viennent à<br />

vasciller, quand je perds mes références, lorsque les « points fixes » dont parlait Michel<br />

Serres se mettent à bouger et à trembler ; alors, dans cette expérience que Richir nomme<br />

aussi expérience du sublime - nous y reviendrons -, le monde m’apparaît comme un<br />

lieu complexe et pluriel, chatoyant et ravissant, comme une matrice, lieu de tous les<br />

possibles, de laquelle je proviens, et vers laquelle je peux toujours revenir. La Terremère,<br />

si l’on veut : Hésiode la disait « aux larges flancs »; mais l’énigme qui reste à<br />

élaborer, est que si elle possède des « bords », ceux-ci restent à jamais insituables ; car<br />

il n’y a en fait en elle que périphérie ; elle n’est que très partiellement habitable : nous y<br />

sommes toujours dans l’imminence de retourner au chaos. Et pourtant, comme dans le<br />

poème théogonique d’Hésiode, c’est elle qui « engendre » le ciel étoilé.<br />

Revenons-en maintenant aux Recherches phénoménologiques où Richir en vient à<br />

esquisser ce qu’il appelle alors une « topologie transcendantale de l’apparence » (RP I,<br />

82), expression qui s’éclairera si l’on lit en contrepoint ce passage de la deuxième<br />

Recherche et les textes plus anciens que nous venons d’évoquer. Richir écrit donc que<br />

« l’apparence, toute apparence, délimite un “lieu” singulier de la périphérie infinie, en<br />

sorte qu’on peut dire également de celle-ci [i.e. la périphérie infinie] qu’elle est lieu de<br />

tous les « lieux » singuliers délimités par les apparences, ou qu’elle est, par excellence,<br />

le lieu de l’apparence transcendantalement réduite [...], limite illimitée de l’Un où l’Un<br />

s’enveloppe sans s’envelopper et sans se laisser déborder par l’Un, où donc l’Un<br />

s’excède sans se réfléchir en cet excès qui serait sa limite, périphérie infinie, par<br />

conséquent, qui est à la fois partout et nulle part, et qu’aucun centre ne peut venir<br />

limiter, et par rapport à laquelle, par suite, ce n’est pas tant l’apparence en tant que telle<br />

qui est en excès, puisque la périphérie « passe » en toute apparence, que le fait qu’il y a<br />

apparence [...] » (RP I, 82). Ce texte s’éclaire sensiblement si on le met en parallèle des<br />

textes déjà cités sur le problème de la cosmologie philosophique : la « typologie<br />

transcendantale », c’est-à-dire ce que Richir appelait la « cosmologie », propre au<br />

champ phénoménologique transcendantal se définit donc suivant la formule de la<br />

<strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com 323

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