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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

la flexion particulière de cette méditation, mais nous gardons l’exposé de la pensée<br />

proprement richirienne pour notre deuxième section.<br />

***<br />

Il est à notre sens une notion qui peut rassembler l’ensemble des méditations<br />

richiriennes sur la pensée du dernier Merleau-Ponty : c’est le concept d’existential,<br />

selon l’acception qu’en fait Merleau-Ponty. Que faut-il entendre par existential ? On sait<br />

que ce terme concentre chez Heidegger, à qui Merleau-Ponty emprunte le<br />

philosophème, la cohésion des structures de l’existence, c’est-à-dire les caractères ou les<br />

modes d’être du Dasein, selon lesquels le Dasein humain se rapporte toujours dans son<br />

être à cela même qu’il interroge, donc est toujours déjà pris ou jeté, à cela même qu’il<br />

questionne en le pro-jetant. Mais le sens que donne Merleau-Ponty à ce terme, bien que<br />

pouvant se rapprocher par certains côtés du sens heideggerien, ne peut s’y réduire. Car<br />

si l’existential merleau-pontien met bien en jeu une sorte de rapport ek-statique de la<br />

chair du corps à la chair du monde, ce rapport n’est pas à comprendre comme un<br />

mouvement centrifuge du soi vers l’être (Cf. PTE, 92). Comme l’explique Richir après<br />

avoir examiné différents textes traitant de cette notion : « les existentiaux sont ces axes<br />

ou pivots qui font que le champ phénoménologique est toujours du même coup “notre”<br />

champ, c’est-à-dire champ où s’appliquent l’une à l’autre chair du corps et chair de<br />

monde : ils constituent les dimensions qui relient ou articulent, comme sur un même<br />

rameau où ils s’empiètent et se “ségrégent”, le phénomène du corps (sentant/sensible,<br />

voyant/visible) et les phénomènes du monde (sensibles/insensibles, visibles/invisibles),<br />

comme si la chair était “phénomène de miroir”, rapport du corps à son ombre (cf. VI,<br />

309). Ou encore, les existentiaux constituent ces niveaux sur lesquels se joue la double<br />

intercalation du sentant dans le sensible et du sensible dans le sentant, par suite<br />

“l’ensemble des chemins de mon corps”, de ces rayons où le sentant (le voyant) s’initie<br />

au sensible (au visible) et le sensible (le visible) au sentant (au voyant) » (PTE, 93). Les<br />

existentiaux sont donc les différents accès possibles au monde, les différents chemins<br />

reliant le corps et le monde, ou encore, les différentes voies praticables au sein même de<br />

la chair. Or en se bornant à cette caractérisation encore incomplète de l’existential, on<br />

s’aperçoit qu’il recouvre la notion d’essence (Wesen) telle qu’elle est déployée dans Le<br />

visible et l’invisible.<br />

272 <strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com

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