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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

étions capables, à la limite, de revivre sans perte ou lacune tout notre passé, de proche<br />

en proche, dans une sorte de reconstitution à la fois active et passive qui a tous les traits<br />

d’une recontruction » (ibid., p. 154). C’est dire là, en fait, ce que chacun sait depuis les<br />

critiques heideggerienne et derridienne : que pour Husserl, le présent vivant est absolu,<br />

ce pourquoi on a pu parler à son propos de « métaphysique de la présence » (Cf. ibid..).<br />

Or que se passe-t-il dans la relation phénoménologique que je peux avoir avec autrui ? Il<br />

s’y agit à chaque fois « du passage, par une apprésentation qui n’est pas de l’ordre du<br />

souvenir, d’un courant du présent vivant à un autre courant, donc de la coexistence de<br />

plusieurs flux temporels […] dans ce qui ne peut être qu’une latéralité où doit se<br />

trouver, au moins en creux, quelque chose comme de la spatialité – un recouvrement<br />

(Deckung) ou un empiètement (Schiebung) où le Leib joue un rôle tout aussi crucial, et<br />

où, peut-être, se constitue quelque chose comme une spatialisation originaire dans la<br />

temporalisation. Il suffit en effet de se rappeler que l’Einfühlung ne procède, en fait,<br />

d’aucun raisonnement (dérivatif ou déductif), que l’apprésentation est originaire, et<br />

qu’en elle, c’est un autre Moi et un autre temps qui est immédiatement présent quoiqu’à<br />

distance, pour commencer à penser que là, c’est du temps (du présent) qui peut<br />

commencer de paraître, tout au moins, à l’écart de lui-même. » (Ibid.) Le phénomène<br />

dans sa phénoménalisation procéderait-il donc d’une telle « temporalisation<br />

spatialisante » que l’on peut retrouver exemplairement dans l’Einfühlung ? Et si oui,<br />

quelle en est la « structure » ? On remarque que ce sont les mêmes questions que celles<br />

posées à propos des synthèses passives, même si, nous le verrons, il s’agit en fait de<br />

deux niveaux architectoniques distincts.<br />

Nous tenterons de reprendre ici brièvement les grandes lignes des lectures<br />

effectuées par Richir de ces textes sur l’intersubjectivité 103 . Il s’agit d’abord de<br />

considérer la situation qui est celle du sujet en rapport avec le monde (en lequel nous<br />

incluons en première approximation autrui) alors qu’il est précisé que ce sujet est<br />

incarné et que son rapport au monde est tributaire de quelque chose comme d’une<br />

expérience corporelle. C’est ce qu’envisage Richir dans différents commentaires d’un<br />

103 On retrouve des traces d’une réflexion sur l’intersubjectivité chez Husserl dès Phénomène, temps et<br />

êtres (Cf., p. 41). Mais c’est seulement dans le début des années quatre-vingt dix que Richir livrera au<br />

public le fruit de son travail. Nous mentionnons ici les articles directement attachés à la question : Le<br />

problème de l’incarnation en phénoménologie (1990) ; Monadologie transcendantale et temporalisation<br />

(1990) ; Altérité et incarnation (1992) ; Intentionnalité et intersubjectivité (1995). Cette réflexion sera<br />

bien évidemment omniprésente dans Du Sublime en politique et dans les Méditations phénoménologiques.<br />

290 <strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com

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