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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

prise à une sorte d’illusion d’optique déterminant sa place et son champ - d’une rationalité ayant<br />

pour fonction de totaliser ce que son illusion lui donne comme étant le réel. Cette science, dont<br />

la psychanalyse et le marxisme ne constituent encore que les prémisses, n’a bien entendu plus<br />

rien à voir avec les sciences positives auxquelles le XIXéme siècle faisait confiance pour<br />

résoudre tous les problèmes qu’il se posait. Le positivisme est aussi une idéologie.(Le problème<br />

du psychologisme, 1969, p. 109)<br />

C’est ainsi que s’exprimait Richir lors d’une conférence tenue à Bruxelles le 14<br />

décembre 1968 (il était tout juste licencié), décrivant la situation philosophique à<br />

laquelle il était alors confronté. Une chose au moins appert de ce texte : le climat<br />

général de la philosophie était celui d’une crise ; et cela se manifestait essentiellement<br />

sur deux plans. On le sait, la crise était tout d’abord sociale : les événements autour de<br />

mai 68 avaient remis en cause une bonne partie du dispositif socio-politique. Ensuite,<br />

mais corrélativement, la crise était aussi celle portant sur fondements épistémologiques<br />

des différentes sciences, mais aussi sur ceux de la philosophie elle-même. Richir fut<br />

bien évidemment interpellé par cette double crise, comme en témoignent les sujets<br />

traités dans ses tout premiers articles : il y est question de la pensée politique de G.<br />

Bataille, de la fin de l’Histoire, des « faye et impasses de la poésie classique », de mai<br />

68, etc. Mais il est caractéristique que jamais Richir ne tentera de conjurer la crise et la<br />

disparition des anciennes valeurs par une nouvelle fondation scientifique, comme on le<br />

tentait alors dans le mouvement structuraliste. La question de Richir était plutôt la<br />

suivante : comment vivre par temps de crise ? Et à une telle époque, que faire de la<br />

tradition qui, malgré tout et quoi qu’on en pense, nous poursuit comme notre ombre. La<br />

démarche adoptée par Richir s’est en fait décidée très tôt : loin de rompre avec la pensée<br />

traditionnelle, il faut au contraire se mesurer à celle-ci. Et c’est ce que fait très<br />

rapidement Richir : il lit Husserl 6 , commente Fichte 7 , traduit et commente Schelling. La<br />

lecture proposée de Schelling est en fait fort révélatrice de la démarche de Richir.<br />

Pourquoi lire et étudier Schelling ? C’est en effet la question que Richir pose en<br />

6 Son mémoire de licence (1968) est consacrée à la pensée du premier Husserl : « La fondation de la<br />

phénoménologie transcendantale (1887-1913) ». Signalons qu’un exemplaire de ce travail se trouve aux<br />

archives-Husserl de Louvain.<br />

7 Sa thèse (1973) : « Au-delà du renversement copernicien. La question de la phénoménologie et de la<br />

cosmologie philosophique dans le jeune Idéalisme allemand », porte essentiellement sur Fichte. Notons<br />

que Au-delà du renversement copernicien, publié en 1977, et Le Rien et son apparence, publié en 1979,<br />

ne sont que la reprise de deux parties de cette même thèse. Notons aussi que en 1974, Richir publie aussi<br />

chez Payot un long commentaire des « Considérations sur la révolution française » de Fichte.<br />

<strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com 203

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