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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

que déterminé d’emblée par l’universel, et c’est déjà le cas dans la connaissance<br />

théorique des intuitions, qui ne surgissent comme telles que d’avoir été, toujours déjà,<br />

découpées par la temporalisation/spatialisation a priori des schèmes transcendantaux<br />

[…] Un jugement n’est déterminant que parce qu’il détermine spontanément le<br />

particulier comme particulier de tel universel : il institue le particulier» (CSP, 82).<br />

Autrement dit, le jugement déterminant se caractérise en ceci qu’il ordonne le<br />

particulier selon un cadre toujours déjà présupposé, mais en tant que tel, inconscient (la<br />

détermination est spontanée). C’est en fait un motif très profond de la pensée richirienne<br />

que nous touchons ici : ce que nous avons nommé le « cadre toujours déjà présupposé et<br />

inconscient » mis en jeu dans le jugement déterminant, n’est autre que ce que Richir<br />

appellera une « institution symbolique ». Que faut-il entendre par là ? Sans entrer trop<br />

tôt dans une description élaborée de ce qui fait une institution symbolique, nous<br />

pouvons déjà relever certains traits marquants. Ainsi, dans une note de La naissance des<br />

dieux (1995), Richir s’explique avec clarté et concision sur ce point : « Nous entendons<br />

par institution symbolique, dans sa plus grande généralité, l’ensemble, qui a sa<br />

cohérence, des “systèmes” symboliques (langues, pratiques, représentations) qui<br />

quadrillent l’être, l’agir et le penser des hommes. C’est ce qui fait, chaque fois, qu’une<br />

humanité (une société) tient ensemble et se reconnaît. Une caractéristique essentielle de<br />

l’institution symbolique est qu’elle paraît se donner, toujours déjà, en l’absence de son<br />

origine, comme détermination de l’être, de l’agir et du penser [nous soulignons]<br />

sans motivation apparente. » (ND, 179-180). Plus loin, il ajoute : « […]contrairement à<br />

ce qu’on pourrait penser à la suite de la forme chrétienne de la religion, l’institution<br />

symbolique n’est pas, par essence, “objet” de “croyance” car elle structure d’avance<br />

toutes les croyances. Par exemple, il n’est pas besoin de “croire” au français […] pour le<br />

parler, pas plus qu’il n’est nécessaire de croire aux mathématiques pour en faire, ou<br />

encore de croire à la musique pour bien l’écouter et la comprendre » (ND, 180).<br />

Si l’on considère maintenant le cadre général de l’institution symbolique ainsi<br />

décrit, et le jugement déterminant tel qu’il est décrit par Kant, on comprend que dans la<br />

mise en action de ce dernier, il s’agit toujours de ce qui s’institue symboliquement (Cf.<br />

CSP, 81). Ou, autrement dit, que dans le jugement déterminant, il s’agit toujours de<br />

déterminer ou d’instituer un être singulier et contingent comme élément particulier d’un<br />

monde, dans la cohérence de son institution symbolique. Plus précisément, dans le cadre<br />

210 <strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com

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