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2 ANIMAUX.<br />

bien de combinaisons, d'arrangements, de causes, d'effets, de principes, qui tous<br />

concourent au même but, et que nous ne connaissons que par des résultats si dif­<br />

ficiles à comprendre, qu'ils n'ont cessé d'être des merveilles que par l'babitude que<br />

nous avons prises de n'y point réfléchir!<br />

Cependant, quelque admirable que cet ouvrage nous paraisse, ce n'est pas dans<br />

l'individu qu'est la plus grande merveille, c'est dans la succession, dans le renou­<br />

vellement et dans la durée des espèces, que la nature paraît tout à fait inconce­<br />

vable. Cette faculté de produire son semblable, qui réside dans les animaux et<br />

dans les végétaux, cette espèce d'unité toujours subsistante et qui paraît éternelle,<br />

cette vertu procréatrice qui s'exerce perpétuellement sans se détruire jamais, est<br />

pour nous un mystère dont'il semble qu'il ne nous est pas permis de sonder la<br />

profondeur.<br />

Car la matière inanimée, cette pierre, cette argile, qui est sous nos pieds, a bien<br />

quelques propriétés ; son existence seule en suppose un très-grand nombre, et la<br />

matière la moins organisée ne laisse pas que d'avoir, en vertu de son existence,<br />

une infinité de rapports avec toutes les autres parties de l'univers. Nous ne dirons<br />

pas, avec quelques philosophes, que la matière, sous quelque forme qu'elle soit,<br />

connaît son existence et ses facultés relatives ; cette opinion tient à une question<br />

de métaphysique que nous ne nous proposons pas de traiter ici : il nous suffira<br />

de faire sentir que, n'ayant pas nous-mêmes la connaissance de tous les rapports<br />

que nous pouvons avoir avec les objets extérieurs, nous ne devons pas douter que<br />

la matière inanimée n'ait infiniment moins de cette connaissance, et que d'ailleurs<br />

nos sensations ne ressemblent en aucune façon aux objets qui les causent, nous<br />

devons conclure par analogie que la matière inanimée n'a ni sentiment, ni sensa­<br />

tion, ni conscience d'existence, et que de lui attribuer quelques-unes de ces facul­<br />

tés, ce serait lui donner celle de penser, d'agir et de sentir à peu près dans le même<br />

ordre et de la même façon que nous pensons, agissons et sentons : ce qui répugne<br />

autant à la raison qu'à la religion.<br />

Nous devons donc dire qu'étant formés de terre et composés de poussière, nous<br />

avons en effet avec la terre et la poussière des rapports communs qui nous lient à<br />

la matière en général : telles sont l'étendue, l'impénétrabilité, la pesanteur, etc. ;<br />

mais comme nous n'apercevons pas ces rapports purement matériels, comme ils ne<br />

font aucune impression au-dedans de nous-mêmes, comme ils subsistent sans<br />

notre participation, et qu'après la mort ou avant la vie ils existent et ne nous affec­<br />

tent point du tout, on ne peut pas dire qu'ils fassent partie de notre être. C'est<br />

donc l'organisation, la vie, l'âme, qui fait proprement notre existence : la matière<br />

considérée sous ce point de vue en est moins le sujet que l'accessoire ; c'est une<br />

enveloppe étrangère dont l'union nous est inconnue et la présence nuisible, et cet<br />

ordre de pensées qui constitue notre être en est peut-être tout à fait indépendant.<br />

Nous existons donc sans savoir comment, et nous pensons sans savoir pourquoi :<br />

mais quoi qu'il en soit de notre manière d'être ou de sentir, quoi qu'il en soit de la<br />

vérité ou de la fausseté, de l'apparence ou de la réalité de nos sensations, les ré-

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