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DE LA REPRODUCTION EN GÉNÉRAL. 11<br />

c'est parce que toutes les formes possibles s'y trouvent, qu'il est peut-être plus diffi­<br />

cile et plus rare de trouver dans la nature les figures simples d'une pyramide équila-<br />

térale, ou d'un cube exact, que les formes composées d'une plante ou d'un animal.<br />

Nous prenons donc partout l'abstrait pour le simple et le réel pour le composé. Dans<br />

la nature au contraire, l'abstrait n'existe point; rien n'est simple et tout est composé.<br />

Nous ne pénétrerons jamais dans la structure intime des choses : dès lors, nous ne<br />

pouvons guère prononcer sur ce qui est plus ou moins composé ; nous n'avons d'autre<br />

moyen de le reconnaître que par le plus ou le moins de rapport que chaque chose<br />

paraît avoir avec nous et avec le reste de l'univers; et c'est suivant cette façon de<br />

juger que l'animal est plus composé que le végétal, et le végétal plus que le miné­<br />

ral. Cette notion est juste par rapport à nous : mais nous ne savons pas si, dans la<br />

réalité, les uns ne sont pas aussi simples ou aussi composés que les autres, et<br />

nous ignorons si un globule ou un cube coûte plus ou moins à la nature qu'un germe<br />

ou une partie organique quelconque. Si nous voulions absolument faire sur cela<br />

des conjectures, nous pourrions dire que les choses les plus communes, les moins<br />

rares et les plus nombreuses sont celles qui sont les plus simples : mais alors les<br />

animaux seraient peut-être ce qu'il y aurait de plus simple, puisque le nombre de<br />

leurs espèces excède de beaucoup celui des espèces de plantes ou de minéraux.<br />

Mais, sans nous arrêter plus longtemps à cette discussion, il suffit d'avoir montré<br />

que les idées que nous avons communément du simple ou du composé sont des<br />

idées d'abstraction, qu'eRes ne peuvent pas s'appliquer à la composition des ou­<br />

vrages de la nature, et que, lorsque nous voulons réduire tous les êtres à des élé­<br />

ments de figure réguRère, ou à des particules prismatiques, cubiques, globuleu­<br />

ses, etc., nous mettons ce qui n'est que dans notre imagination à la place de ce qui<br />

est réellement ; que les formes des parties constituantes des différentes choses nous<br />

sont absolument inconnues, et que, par conséquent, nous pouvons supposer et<br />

croire qu'un être organisé est tout composé de parties organiques semblables,<br />

aussi bien que nous supposons qu'un cube est composé d'autres cubes : nous<br />

n'avons, pour en juger, d'autre règle que l'expérience; de la même façon que nous<br />

voyons qu'un cube de sel marin est composé d'autres cubes, nous voyons aussi<br />

qu'un orme n'est qu'un composé d'autres petits ormes, puisqu'en prenant un bout<br />

de branche, ou un bout de racine, ou un morceau de bois séparé du tronc, ou la<br />

graine, il en vient également un orme; il en est de même des polypes et de quelques<br />

autres espèces d'animaux qu'on peut couper et séparer dans tous les sens en diffé­<br />

rentes parties pour les multiplier; et puisque notre règle pour juger est la même,<br />

pourquoi jugerions-nous différemment?<br />

Il me paraît donc très-vraisemblable, par les raisonnements que nous venons de<br />

faire, qu'il existe réellement dans la nature une infinité de petits êtres organisés,<br />

semblables en tout aux grands êtres organisés qui figurent dans le monde ; que ces<br />

petits êtres organisés sont composés de parties organiques vivantes qui sont com­<br />

munes aux animaux et aux végétaux; que ces parties organiques sont des parties<br />

primitives et incorruptibles; que l'assemblage de ces parties forme à nos yeux

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