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VARIÉTÉS DANS L'ESPÈCE HUMAINE. 433<br />

peuple qui ressemble tant aux Nègres par la couleur et par les traits ; que cepen­<br />

dant ils ne sont pas si noirs, que leurs cheveux ne sont pas si crépus, ni leur nez<br />

si plat.<br />

Par tous ces témoignages, il est aisé de voir que les Hottentots ne sont pas de<br />

vrais Nègres, mais des hommes qui, dans la race des noirs, commencent à se rap­<br />

procher du blanc; comme les Maures, dans la race blanche, commencent à s'ap­<br />

procher du noir. Ces Hottentots sont, au reste, des espèces de sauvages fort extra­<br />

ordinaires : les femmes surtout, qui sont beaucoup plus petites que les hommes,<br />

ont une espèce d'excroissance ou de peau dure et large qui leur croît au-dessus de<br />

l'os pubis, et qui descend jusqu'au milieu des cuisses en forme de tablier. Thévenot<br />

dit la même chose des femmes égyptiennes, mais qu'elles ne laissent pas croître<br />

cette peau, et qu'elles la brûlent avec des fers chauds. Je doute que cela soit aussi<br />

vrai des Égyptiennes que des Hottentotes. Quoi qu'il en soit, toutes les femmes<br />

naturelles du Cap sont sujettes à cette monstrueuse difformité, qu'elles découvrent<br />

à ceux qui ont assez de curiosité ou d'intrépidité pour demander à la voir ou à la<br />

toucher. Les hommes, de leur côté, sont tous à demi eunuques ; mais il est vrai<br />

qu'ils ne naissent pas tels, et qu'on leur ôte un testicule ordinairement à l'âge de<br />

huit ans, et souvent plus tard. M. Kolbe dit avoir vu faire cette opération à un<br />

jeune Hottentot de dix-huit ans. Les circonstances dont cette cérémonie est accom­<br />

pagnée sont si singulières, que je ne puis m'empêcher de les rapporter ici d'après<br />

le témoin oculaire que je viens de citer.<br />

Après avoir bien frotté le jeune homme de la graisse des entrailles d'une brebis<br />

qu'on vient de tuer exprès, on le couche à terre sur le dos; on lui lie les mains et<br />

les pieds, et trois ou quatre de ses amis le tiennent : alors le prêtre (car c'est une<br />

cérémonie religieuse), armé d'un couteau bien tranchant, fait une incision, enlève<br />

le testicule gauche, et remet à la place une boule de graisse de la même grosseur,<br />

quia été préparée avec quelques herbes médicinales; il coud ensuite la plaie avec<br />

l'os d'un petit oiseau qui lui sert d'aiguille, et un filet de nerf de mouton. Cette<br />

opération étant finie, on délie le patient; mais le prêtre, avant de le quitter, le<br />

frotte avec de la graisse toute chaude de la brebis tuée, ou plutôt il lui en arrose<br />

tout le corps avec tant d'abondance, que, lorsqu'elle est refroidie, elle forme une<br />

espèce de croûte : il le frotte en même temps si rudement que le jeune homme, qui<br />

ne souffre déjà que trop, sue à grosses gouttes et fume comme un chapon qu'on rôtit.<br />

Ensuite l'opérateur fait avec ses ongles des sillons dans cette croûte de suif, d'une<br />

extrémité du corps à l'autre, et pisse dessus aussi copieusement qu'il le peut; après<br />

quoi il recommence à le frotter encore, et il recouvre avec la graisse les sillons<br />

remplis d'urine. Aussitôt chacun abandonne le patient; on le laisse seul, plus mort<br />

que vif : il est obligé de se traîner comme il peut dans une petite hutte qu'on lui a<br />

bâtie exprès tout proche du lieu où s'est faite l'opération ; il y périt, ou il y recou­<br />

vre la santé sans qu'on lui donne aucun secours, et sans aucun autre rafraîchisse­<br />

ment ou nourriture que la graisse qui lui couvre tout le corps, et qu'il peut lécher<br />

s'il le veut. Au bout de deux jours il est ordinairement rétabli ; alors il peut sortir.

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